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TERRE-NEUVE ET FIANÇAILLES

quatre trous profonds pendant que d’autres coupent les grosses racines qui courent à fleur de terre. Le chargeur a pris autant de cartouches de dynamite ; il les a d’abord reliées par un fil de cuivre qu’il a attaché à une batterie électrique puis les ayant fait couler jusqu’au fond, il bourre ces trous de terre glaise et de sable ; l’opération est presque complète. Pour voir sauter cette première souche, les créatures et les enfants sont là. Jeannette écoute les instructions brèves de Pascal : établir le contact en exerçant une légère pression sur une tige rigide qu’une poignée arrondie termine. C’est un jeu pour la jeune fille. Pascal se tourne vers les hommes : « Ça y est… ? Alors… une… deux… trois.. » Une explosion sourde retentit, se mêle aux acclamations des hommes et aux cris des femmes et des enfants ; une secousse terrible ébranle le sol d’où montent en nuages épais des masses de terre brune, en même temps qu’un être fantastique, fouillis de racines enchevêtrées d’éclats jaunes comme l’or et d’un arôme pénétrant, apparaît dans ce brouillard sombre ; la première souche gît là sur le flanc, au bord d’une fosse géante. Pascal félicite Jeannette, mais la jeune fille le renvoie vite au travail : elle veut, à la fin du jour, acclamer un vainqueur.