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TERRE-NEUVE ET FIANÇAILLES

« Encore un coup de cœur, mes braves » s’écrie le chef à son retour. Décidément la chance le favorise. Les deux autres équipes traînent à cent pieds, au moins, derrière lui ; mais de parts et d’autres les souches continuent de sauter à l’envie, comme des pailles que le vent soulève ; la terre vibre longuement sous l’effort de la dynamite qui éclate en sons de fanfares ; les godendards pleurent, chantent et crient dans le pin jaune, semant une longue traînée de bran de scie en une rosée de poudre d’or. Enfin la dernière souche va sauter ; Pascal est vainqueur ! Mais pour couronner son succès il veut faire plus encore. Lorsque la tâche est partout achevée, Pierre debout près de son père, lui montre le roi de la courvée qui herse avec ardeur sa lisière de terre-neuve. Le vieux Baptiste Grenon sourit : ah ! sa Jeannette sera heureuse ! Tous avec lui admirent cette superbe pièce où dansent les rayons pâles du soleil couchant ; et dans l’ombre qui s’avance sur la plaine les mille bruits du soir s’élèvent en un chant d’allégresse et de paix.

* * *

Au milieu de la grande chambre et de la cuisine, les tables faites de planches posées sur des chevalets sont chargées de tout ce qu’on prépare