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LA CORVÉE

Ce mois d’août que je passe à Saint-J. amène la fameuse Corvée. Depuis huit jours, Madame Cadorette prépare « Vieux-Temps » pour les hôtes attendus. Aux fenêtres fraîchement lavées je l’ai vue mettre des rideaux blancs. D’une armoire elle vient de sortir une catalogne toute neuve, qui, dans son genre, est une œuvre d’artiste. C’est le dernier ouvrage d’Eugénie, la fillette qu’elle a perdue ; j’aime ses larges bandes bleu très pâle, roses, vert foncé. On dirait que la petite « habitante » qui l’a faite a voulu reproduire un beau soir comme ceux que nous avons maintenant, car ce bleu, c’est bien le ciel pâle de sept heures, le rose, l’horizon que le soleil vient de quitter, et la bande verte rappelle la ligne sombre des bois de sapins. « J’irai au village cet après-midi, me dit Madame Cadorette ; il me faut du coton jaune pour leurs draps. Pour vous, j’en ai réservé des blancs, mes plus beaux, ceux que j’ai toujours de côté pour les morts. » (! ! !)

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