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PRÉFACE




On me demande de présenter aux lecteurs « La Croix du Chemin ». — Mais ces « Croix » couronnées ont-elles besoin qu’on les présente ? Et toutes décorées qu’elles sont des palmes dont le jury les a couvertes, ne disent-elles pas assez elles-mêmes ce qu’elles valent ?

Ce sont des artistes qui les ont taillées, les Croix du Chemin qui sont ici recueillies. Quelques-unes, comme celle du Frère Marie-Victorin, ont beau avoir été rudement ébauchées par la hache du premier colon et n’offrir à l’œil que la teinte grise du bois vieilli, elles ont, après tant d’années passées sous le soleil des souvenirs, pris une forme très douce, une pose très élégante et très pieuse, et qui plaît infiniment au regard du lecteur passant ; elles s’enveloppent d’une poésie qui les fait plus belles que des croix de bronze ou d’or ; et vraiment, je préfère la mousse qui tisse à leurs pieds un rustique « fourreau de peluche », à tous les ornements précieux dont l’orfèvre pourrait les faire briller. Toutes ces croix qui s’élèvent le long de nos chemins et qui retrouvent ici leur image sincère, sont chargées de tant d’oraisons anciennes, de légendes parfois si touchantes, et de souvenirs si personnels, que c’est vraiment une joie profonde de les revoir, à travers ces récits, dans leurs nobles et bénissantes attitudes.