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LA CROIX DU CHEMIN

Je ne puis, sur les routes où vous invitent nos pieux conteurs, vous indiquer toutes les croix fleuries ou sanglantes qui y sont décrites. Il faudra faire vous-mêmes tous ces quatorze pèlerinages, écouter attentivement ce que disent les croix mystérieuses, méditer avec M.  Potvin ou M.  Desrosiers sur le sens très profond et très doux qu’elles offrent à la pensée des bonnes gens, compatir à tous les personnages qui y portent leurs douleurs et leurs espoirs. Mais que ce soit en quelque lieu de la province de Québec, ou sur l’« immense calvaire » de la terre d’Acadie que vous accompagniez le narrateur, vous éprouverez à le suivre le plaisir très délicat que l’on reçoit toujours des chers souvenirs. Les dessins si appropriés qui illustrent ces paysages littéraires, et que monsieur J.-B. Lagacé a voulu composer pour ce recueil, aideront vos regards et votre esprit à reconstituer les scènes évoquées.

La première croix que vous rencontrerez, dans ces pages toutes jalonnées de leurs profils vénérables, évoque un fait historique déjà lointain, un épisode de la guerre de conquête. Cette croix se dresse sur un rocher, sur l’un des calvaires qui ponctuent de leurs pointes arides les rives du Saint-Laurent ; elle fait revivre, en une narration dont le style est un peu bien ancien, une scène de notre épopée française. Sur cette croix, sur ce calvaire s’accumulent au gré de l’auteur les plus glorieuses « remembrances », et c’est la piété historique de M.  Sylva Clapin, et son sens aigu du passé, qui lui valurent sans doute le premier suffrage du jury.

Vous verrez, en lisant tous ces beaux poèmes en prose, comme il y a dans nos imaginations canadiennes une