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la croix du chemin

source toujours fraîche d’inspirations patriotiques etlittéraires. Que ce soit la « croix vivante » de Mlle  Cordon qui s’enracine au bout du rang, sur un coteau de Sainte-Marie, ou la croix du Bois-Vert de Lionel Montai, qui s’érige sous le vigoureux coup d’épaule du père Baptiste : toujours avec ces croix montent dans le ciel clair de nos campagnes les pensées saines de l’habitant de chez nous, et les émotions délicates de nos artistes.

Et cela prouve que le sujet proposé au concours ne pouvait être mieux choisi, et qu’il offrait en son symbolisme mystique et dans sa réalité attendrissante le thème le plus heureux.

Ce thème avait inspiré déjà l’un de nos jeunes poètes. C’est la « Croix du Chemin » d’Englebert Gallèze, qui a suggéré aux directeurs de la Société Saint-Jean-Baptistede Montréal, le sujet du concours. L’auteur de La claire Fontaine avait si bien chanté ce

Symbole glorieux dont, naguère, la France,
Par la main de Cartier marqua notre destin.
Bois plus profondément entré dans notre sable
Que l’orme, le bouleau, le sapin, l’érable,
Croix du chemin !

Il avait salué d’un geste si chrétien le “rustique monument"

Dont le paysan voit s’allonger l’ombre auguste

Chaque jour, sur ses champs de neige ou de moissons.

Là où les vers avaient résonné comme un cantique, la prose pouvait bien déployer ses périodes d’harmonie. Et si toutes les compositions des concurrents — quatre-vingt-dix ! — n’ont pas montré la même richesse d’idées,