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divers barons des querelles, où, suivant l’usage, intervinrent à main armée ses vassaux et tenanciers. Pons soutint notamment une guerre dite d’Eynac et lutta aussi contre Adhémar, baron de Fay, contre les seigneurs Armand d’Allègre, Bertrand de Chalencon, Béraud de Solignac et Pons de Brion. La mouvance du château de Chapteuil était considérable et s’étendait jusqu’aux limites des possessions de Bonas, de Fay et du monastère de Mazan. Le fief de Lardeyrol et les forteresses de Montusclat et de Montvert relevaient aussi du château de Chapteuil. Les hommes de ses mandements venaient, en temps de guerre, monter la garde et s’exercer à la manœuvre dans le château. Ils y venaient encore tenir les assises, faire ou recevoir le droit… ibi faciebant jus et recipiebant… ce qui veut dire qu’à Chapteuil la justice se rendait au moyen d’un véritable jury.

Parvenu à l’âge mûr, Pons gardait un souvenir amer de l’acte souscrit par lui en faveur de Bernard de Montaigu, et les hommages qu’il avait été contraint de rendre aux trois successeurs de Bernard : Armand de Polignac, Guy Falcodi[sic] et Guillaume de La Roue, envenimaient cette blessure. Il profita de ses relations avec le corps aristocratique des chanoines de Notre-Dame pour supprimer l’instrument, la Carta, preuve vivante des humiliations de sa jeunesse. Il gagna, paraît-il, le chanoine Pons de Glavenas, l’un des témoins de sa réintégration. Ce Pons de Glavenas devint abbé de Saint-Pierre-Latour en 1267 et mourut en 1269[1]. Ce fut vers cette époque de la promotion de Pons de Glavenas à son abbaye que la rumeur publique accuse le chanoine d’avoir soustrait le titre et de l’avoir livré au seigneur de Chapteuil. De graves propos échappés à ce dernier confirmèrent plus tard ces soupçons. Guillaume Médici dit un jour à Pons de Chapteuil : « Seigneur, vous êtes vieux et il serait convenable de pourvoir à vos affaires, mais je doute que vous en ayez la licence à cause de cet acte que vous avez consenti à l’évêque et à l’église du Puy. » Alors Pons de Chapteuil

  1. Gall. christiana, Eccl. Aniciensis, t. II, col. 754.