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mémoires

Le second mémoire, consacré par M. Chassaing aux Templiers de notre diocèse, comble heureusement une regrettable lacune de notre histoire. Nous savions par le P. Fita que les Templiers s’établirent de bonne heure en Velay et y tinrent vite une grande place[1], mais notre excellent et regretté collaborateur des Tablettes ne disposait que de titres généraux ou indirects et il n’avait pu fouiller son sujet. Grâce à M. Chassaing, nous possédons maintenant sinon un chartrier complet du Temple vellave, tout au moins un beau cadre de cartulaire et un cadre qui se remplira bientôt. Lorsqu’il publia dans les Tablettes, V, 575 et suiv., cinq chartes sur le couvent au Puy des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, M. de Lagrevol fit une observation d’une justesse frappante. « Il n’est pas étonnant, disait le savant magistrat, que la capitale du Velay, l’une des villes les plus importantes du Languedoc par sa population, ses foires, son industrie, ses pèlerinages, et qui venait de fournir à son évêque Aymard, partant pour la première croisade, un si brillant cortège de clercs réguliers et séculiers, de soldats et de chevaliers, ait attiré, en première ligne, l’attention d’un ordre spécialement destiné à venir en aide aux pèlerins de la Terre-Sainte. » Rien de plus exact que cette remarque. La ville du Puy était, avant Adhémar de Monteil, une ville essentiellement religieuse, la patrie adoptive de toutes les manifestations du génie chrétien[2]. Ainsi que nous venons de le voir, le pèlerinage de la Vierge était sa vie, la source de sa prospérité morale et matérielle. La renommée de son sanctuaire l’avait fait élire, entre toutes les villes d’Aquitaine, pour être le berceau de la première croisade : nous démontrerons bientôt que la grande entreprise d’Urbain II et de Godefroy de Bouillon naquit, en 1094 ou 1095, dans notre province, comme y était née, au commencement du même siècle, la Trêve de Dieu. Les croisades ne firent qu’accroître la splendeur du pèlerinage. Une partie

  1. Tablettes, I, 197 et suiv.
  2. Voir sur le concile de Saint-Paulien en 1004 les Tablettes, III, 1 et suiv.