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foires et marchés au monastier

foires, de ne pouvoir même y arrêter un criminel, à moins que le prieur ne l’ait permis et n’ait ordonné de chasser le coupable. »

Dans un intérêt purement historique, qu’il nous soit permis de relever une inexactitude échappée au traducteur de la charte de 845. Que dit en effet le texte latin de ce document imprimé dans le cartulaire de Saint-Chaffre, no22, le Gallia Christiana, tome II, instrum., 257 ; les Bollandistes, Acta SS. Octob. VIII, 521 ; Dom Vaissette, Histoire du Languedoc, t. I, pr. 93, et Dom Bouquet, Rec. VIII, 357 — ?.

« Pipinus… rex Aquitanorum… concedimus hoc etiam, quo magis locus ipse publicetur cunctisque crescat in augmentum. Et sicut in aliis locis ejusdem regionis aggregantur agunturque mercata, sic et in jam dicto loco, juxta ecclesiam sancti Johannis, præsentibus ac futuris temporibus Quinta feria mercatum agatur… »

Pépin n’établit pas cinq grandes foires par an au Monastier mais bien un marché le jeudi de chaque semaine. C’est ce qu’indiquent clairement ces mots de la charte de 845, Quinta feria mercatum agatur. Le mot férié, feria, terme du comput ecclésiastique, sert à désigner les jours de la semaine. Or, le dimanche étant la première férie, le lundi la seconde, le mardi la troisième et le mercredi la quatrième, il s’ensuit que la cinquième tombe le jeudi. Si donc nous traduisons littéralement la phrase dont il s’agit. Quinta feria mercatum agatur signifie tout simplement : qu’un marché se tiendra le jeudi.

Il était réservé à M. l’abbé de Cénat de l’Herm, auteur de l’Histoire du monastère, de la ville et des châteaux du Monastier de commettre à son tour une plus grave erreur en attribuant à Pépin le Bref et à l’année 752 la fondation de ce marché. Gauthier, abbé de Saint-Chaffre, d’après les frères de Sainte-Marthe, Hugues du Tems et autres historiens véridiques, avait succédé à Bodon, lequel vivait en 840. Si la charte de 845 est authentique, elle émane de Pépin II d’Aquitaine et non de Pépin le Bref mort en l’année 768.