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munications présentaient de grandes difficultés, il était nécessaire qu’à des jours déterminés les habitants des campagnes pussent venir s’approvisionner dans quelques centres principaux… Indépendamment de leur importance commerciale, les foires exerçaient une grande influence sur les relations politiques. Là se réunissaient les habitants de toutes les provinces ; là s’émoussaient par le contact ces antipathies provinciales si vives au moyen âge et que la civilisation moderne n’a pu complètement détruire : là, en un mot, se préparait l’unité de la France. »

En France les foires les plus renommées étaient celles de Saint-Denis, de Beaucaire, de Champagne, etc. Au Puy, celle des Rogations, suivant le témoignage de Burel, avait le privilège d’attirer des gens de tous pays et notamment des Espagnols, Allemands et Piémontais. On y vendait et achetait toutes espèces de marchandises et le bétail s’y trouvait en abondance[1]. De nos jours, la foire de la Toussaint, bien que déchue de sa grande renommée, demeure encore pour notre cité une source de revenus et de profits.

À la sollicitation de Gauthier, abbé de Saint-Chaffre, Pépin II, roi d’Aquitaine établit, en 845, un marché au Monastier le jeudi de chaque semaine, près de l’église de Saint-Jean. Tout en émettant quelques soupçons sur l’authenticité de la charte de Pépin, M. Mandet[2] ne laisse pas de la traduire en grande partie et nous en extrayons ce qui suit :

« Et comme sur d’autres points de ce pays des marchés publics sont organisés, nous instituons, pour le présent et à jamais, près de l’église dédiée à saint Jean, cinq grandes foires, dans lesquelles ni le comte ni aucun de ses agents n’auront le droit de rien prélever, réservant exclusivement ce bénéfice à l’église, et dans l’intention de notre salut éternel. Nous faisons défense expresse d’empêcher qui que ce soit de se rendre à ces

  1. Mémoires de Jean Burel, page 129.
  2. Histoire du Velay, t III.