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le château de chavaniac

volution devant laquelle disparaissent tant de tyrannies avilissantes et ruineuses qui pesaient sur eux.

C’est vous, Messieurs, qui, appliquant aux détails de l’administration les principes sacrés de la liberté et de l’égalité, ferez de plus en plus chérir cette constitution qui a pour base les droits des peuples, et pour unique but leur bonheur.

C’est vous qui, dissipant les prétextes et les erreurs dont ses ennemis voudraient couvrir la petitesse de leurs passions et de leurs moyens, pouvez, sous les ordres d’un roi qui vous y invite par son patriotisme et vous appuie de son autorité, contribuer efficacement à l’exécution des lois, à la prospérité nationale, et à la pleine jouissance de la liberté et de la tranquilité à laquelle tous ses habitants, sans aucune exception, ont un égal droit.

Mais ces occupations, si grandes et si utiles, ne peuvent s’allier avec le besoin impérieux de repos qui m’a fait entrer dans la vie privée pour m’y borner aux devoirs d’un simple citoyen.

J’espère que, Messieurs ces membres du Directoire recevront avec bonté ma vive reconnaissance pour la lettre et l’arrêté dont ils ont daigné m’honorer dans cette circonstance, et qui sont pour moi les témoignages précieux de leur estime. »

Lafayette mit en outre à profit ces quelques jours de repos pour entreprendre à Chavaniac certains travaux de restauration que les événements ne lui avaient pas permis de commencer plus tôt. Ils furent confiés à un jeune architecte devenu célèbre, A. Vaudoyer, avec qui notre concitoyen venait de se lier dans des circonstances qui méritent d’être rapportées.

Le commandant en chef des gardes-nationales parisiennes se trouvant, en 1790, au salon de peinture, s’arrêta, pour l’admirer, devant un tableau représentant la démolition de la Bastille et dit à un ami que celui qui le posséderait serait bien heureux. L’auteur, Hubert Robert, le peintre spécialiste des ruines, ayant entendu ces paroles, s’avança aussitôt et dit :

« Général, soyez heureux, ce tableau vous appartient. » À dater de ce jour, des relations suivies s’établirent entre le Général et