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des séances

Il n’y a pas longtemps encore, les travaux du genre de celui de M. Lascombe paraissaient être l’apanage exclusif des ordres religieux. Il semblait, que pour se livrer aux recherches historiques, il fallait y consacrer son existence tout entière, et ne rien faire autre chose. Ces travaux sont tombés aujonrd’hui dans le domaine public ; s’en occupe qui veut, tout en vivant de la vie du monde. Nous possédons dans notre Société plusieurs types remarquables de ces fouilleurs de manuscrits, de ces chercheurs de faits anciens, et M. Lascombe vient, par sa publication, de gravir un échelon de plus dans cette hiérarchie.

À quoi bon, diront beaucoup de gens, tout ce travail, toute cette patience, toute cette intelligence dépensés à déchiffrer de vieux papiers sans valeur qui ne servent plus à rien et à personne, et dont le public se soucie fort peu. L’objection est malheureusement trop souvent répétée et le public est plus disposé à applaudir celui qui lui fournit une bonne variété de pommes de terre que celui qui le met à même de connaitre le manuscrit le plus précieux et contenant les documents les plus importants sur l’histoire. Et pourtant, messieurs, chacune de ces choses à sa valeur ; je veux du reste laisser à l’auteur des Hommages le soin de répondre lui-même ; voici ce qu’il dit dans sa préface :

« On s’est donc livré autour de nous à une campagne d’exploration à travers le temps jadis et l’on a fait de son mieux pour appliquer à ces travaux les procédés scientifiques qui font la fortune des sciences expérimentales. Ne rien rejeter de parti pris, mais creuser toutes choses, discuter chaque preuve, restituer les noms et les lieux, ne négliger aucun détail, respecter scrupuleusement la chronologie, comparer les textes, faire au besoin métier de greffier, de copiste et de commissaire-priseur, telle est la besogne, aride mais indispensable, qui s’impose aux hommes de bonne volonté, soucieux avant tout de l’exactitude. Quand tous les matériaux seront réunis, que chaque point litigieux aura été sondé, passé au crible, et que nous saurons à quoi nous en tenir sur les institutions, les mœurs, les idées de nos pères, oh ! alors viendra le tableau d’ensemble, viendra la synthèse, la véritable histoire du Velay ; mais en dehors de cette préparation nécessaire, n’y songeons point, sous peine de nous copier servilement et de nous livrer à des redites infécondes. »