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direction de trois professeurs laïques. Ces établissements, où se donne annuellement l'instruction à plus de cinq cents élèves, sont dus, en grande partie, aux secours fournis au vicariat par l'œuvre de la Propagation de la Foi.

La population du vicariat est évaluée à 38,000 habitants, dont 20,000 à peu près sont catholiques. Dans ce chiffre, ne sont pas compris les Indiens.

Les principales tribus d’Indiens qui vivent sur le territoire sont : les Apaches, les Papagos, les Pimas et Maricopas, les Yumas, les Mohaves, les Yavapal et les Moquis. Quoique le nombre des membres qui les composent ne soit pas entièrement fixé, on peut l’évaluer approximativement à 20,000.


ARIZONA. — FEMME APACHE PORTANT SON ENFANT, d'après une photographie. ARIZONA. — BERCEAU D'UN ENFANT APACHE, d'après une photographie.


Jusqu’à présent, l’action civilisatrice du prêtre catholique n’a pu s’exercer que dans des limites très restreintes au sein de ces tribus. Les ouvriers évangéliques ont manqué presque autant que les ressources matérielles ; les fonctionnaires des Agences américaines n’ont cessé de susciter des embarras ; enfin, il n’était pas prudent d’aborder les Indiens directement et de leur prêcher l’Évangile sans les y avoir préparés d’avance.

« Un jour, dit Mgr Salpointe, nous demandions au chef des Pimas s’il ne serait pas content de nous voir au milieu des siens pour les baptiser et en faire des chrétiens : « — Non, répondit-il, cela n’est pas bon ; si tu venais pour nous baptiser, nous te tuerions. » La réponse était nettement formulée. Nous insistâmes cependant en présentant la question sous un autre point de vue : « — Si nous étions au milieu de vous, nous instruirions vos enfants, ce qui serait un très grand avantage pour vous. Vous savez très bien que, dans vos traité, vous vous laissez souvent tromper parce que vous ignorez le prix des choses. Mais supposez que vos enfants soient instruits, ils pourront vous aider à tirer un meilleur parti de vos biens ; et alors vous serez plus riches, vous pourrez vous procurer de beaux habits. » L'argument fut puissant. Le chef, après avoir conféré quelque temps avec cinq ou six Indiens de sa tribu, se tourna vers nous et nous dit : « Si tu veux instruire les jeunes, tu peux venir quand tu voudras, je me charge de te faire accepter, et même je te laisserai baptiser mes enfants. » Aussi, nous n'en doutons pas, il y aurait une abondante moisson à faire dans nos tribus pacifiques, si les ouvriers ne manquaient.

« A Pima, ville composée de Mexicains et d'Américains, mais très rapprochée de la tribu indienne, qui lui donne son nom, j'ai eu occasion de voir souvent les Indiens et d'étudier un peu leurs mœurs. Ils venaient à la ville vendre leur foin, faire leurs provisions ou se promener. Attirés par la curiosité, ils se mettaient aux fenêtres de l'église pendant les offices, assistaient aux enterrements et, grands admirateurs de mes ornements sacerdotaux, m'appelaient capitaine. Cette naïveté m'attirait quelquefois des visiteurs. Je voyais entrer chez moi quatre ou cinq de leurs capitaines en petite tenue, n'ayant pour tout vêtement qu'un paletot court et une ceinture. Ils s'asseyaient ou se couchaient sans façon sur le sol, et fumaient la cigarette en se la passant de l'un à l'autre. Certains jours, la visite devenait longue... Mais j’avais un moyen de me débarrasser d’eux, c’était de leur donner une petite pièce de monnaie, un peu de tabac, et surtout un vieux pantalon, si c’était en hiver. »

Voici à quoi se réduisent les croyances religieuses de ceux qui ne possèdent point la vraie foi.

« On m’a assuré, raconte Mgr Salpointe, que l’Indien attend le retour de Montezuma et que, selon lui, ce monarque doit venir en compagnie du soleil, qui est son proche parent. Ce qu’il y a de certain, c’est que plusieurs tribus voisines des nôtres rendent un culte au soleil. Il consiste à tenir du feu allumé, pendant l’hiver, dans une cave très profonde qu’on nomme estufa. Celui qui doit veiller à la garde du feu est pris à tour de rôle parmi les hommes de la tribu, et il est condamné à vivre dans l’estufa pendant plusieurs mois.