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BORNÉO

Mission chez les Dyaks. Usages et préjugés des indigènes.


i l'on excepte l'Australie, Bornéo est la plus grande île du monde : elle est plus étendue en superficie que la France entière. Le sud appartient à la Hollande ; le nord est gouverné par des sultans indépendants : Sarawak, notamment, a pour souverain un Anglais, Rajah Brooke. Une compagnie anglaise vient de se former dans le but d'exploiter le nord de l'île. La population se compose de Dyaks, de Malais et de Chinois.

Les missionnaires anglais de Mill - Hill ont repris en 1881 l'évangélisation de cette contrée qui, depuis une vingtaine d'années, n'avait pas eu d'apôtres catholiques. C'est dans le nord de l'île, dans les États du Rajah Brooke, roi du Sarawak, qu'ils ont établi leurs premières stations. Les sauvages Dyaks de l'intérieur, voisins de ce royaume, ont également reçu la Bonne Nouvelle.

Les Dyaks. — Le P. Dunn, qui a été chargé de la première mission chez ces indigènes, donne de curieux détails sur leurs usages :

« Entrer dans l'intérieur de la partie nord de Bornéo, n'était pas la moindre de nos difficultés. Presque tout le pays est couvert de forêts et de jungles impénétrables, le pauvre voyageur est souvent obligé


BORNÉO. — INTÉRIEUR D'UN VILLAGE DYAK


de traverser des fleuves remplis de crocodiles, des terrains marécageux. Il doit encore supporter la faim, la soif et autres privations inévitables sous les tropiques.

« Les races de l'intérieur vivent isolées et séparées les unes des autres, sans domicile fixe ; car elle aiment beaucoup le changement.

« Quelques peuples ont conservé l'habitude des sacrifices humains, et un très grand nombre sont head hunters, c'est-à-dire « chasseurs de têtes ». Ce nom leur est donné parce qu'ils tuent les gens pour le plaisir de garder leurs crânes ; ces crânes sont conservés comme des trésors ; j'en ai vu plus de cinquante suspendus dans une seul demeure.

« D'autres coutumes sont trop horribles pour que les énumères ici.

« Leurs constructions sont forts originales. Chaque village se compose seulement de quatre ou cinq maisons, soutenues par de longs poteaux à vingt pieds du sol. On monte à ces habitations aériennes au moyen d'une perche inclinée offrant des entailles qui tiennent lieu de marches. Pour augmenter la sécurité, deux autres perches à portée des mains remplacent les rampes. Arrivés au sommet, nous trouvâmes une plate-forme de bambous disjoints, offrant de distance en distance de larges ouvertures béantes par lesquelles on risquait de tomber dans le vide.