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lettré de haute valeur. Les vieilles annales irlandaises n’ont pas de secret pour lui. Justement fier des gloires de son pays natal, il a fait revivre dans des livres estimés les traditions les plus anciennes, les plus touchantes, les plus précieuses de l’Ile des Saints. Sa plume élégante a retracé la vie des pontifes illustres qui fleurirent pendant l’âge d’or de l’Irlande, à l’époque où la Verte Erin envoyait à l’Europe continentale des instituteurs et des apôtres.

Mgr Patrice-François Moran est né dans le diocèse de Kildare, le 17 septembre 1830.




Mgr SALVADO (Rudesindo),
bénédictin,
évêque de Port-Victoria,
préfet apostolique de la Nouvelle-Nursie.

Le monastère de la Nouvelle-Nursie que nous avons décrit au chapitre précédent, est le plus beau titre de gloire et l’œuvre préférée de ce grand évêque qui en fut le créateur de concert avec Mgr Serra.

Le 12 mars 1867, le jour de la fête de saint Grégoire le Grand, lui aussi l’apôtre monastique d’un grand peuple, le pape Pie IX donna la bulle qui érigeait le monastère de la Nouvelle-Nursie en abbaye nullius diœcesis et en préfecture apostolique, comprenant un espace de seize milles carrés autour de la colonie bénédictine, dont Sa Sainteté formait un véritable diocèse, distinct de celui de Perth, quoiqu’il s’y trouve enclavé. Mgr Salvado était nommé, par la même bulle, abbé perpétuel et préfet apostolique de la Nouvelle-Nursie, cette dignité et cette charge devant, après lui, passer à ses successeurs. C’était le digne couronnement du long et pénible apostolat de Mgr Salvado.

Le Souverain Pontife voulut que l’ancien Bénédictin de Saint-Martin de Compostelle assistât aux fêtes du dix-neuvième centenaire du martyre de saint Pierre, pour y représenter, avec Mgr Polding, archevêque de Sydney, les églises du continent océanien.

Après ces glorieuses solennités, Mgr Salvado vint en France et obtint des Conseils de la Propagation de la Foi quelques secours pour sa mission.

De là, il se rendit en Espagne, où la reine Isabelle II lui fit l’accueil le plus sympathique. Sa pensée était d’établir, non loin de Madrid, un monastère de son Ordre, qui devait être en même temps un séminaire, un collège et une ferme-école pour les jeunes Espagnols désireux de se consacrer, sous le froc bénédictin, à l’évangélisation des sauvages de l’Australie. On dit même que la reine voulait lui céder, dans ce but, une portion de l’immense palais de l’Escurial, qui n’est aujourd’hui qu’un désert de pierre.

Mais la révolution renversa peu de temps après le trône de la reine Isabelle, et le projet de Mgr Salvado ne put s’exécuter. Néanmoins l’évêque profita de son séjour dans sa catholique patrie, pour recruter un bon nombre de jeunes Espagnols tout dévoués à son œuvre.

A l’époque du Concile du Vatican, le vaillant évêque des Australiens revint en Europe, toujours plein de force et d’ardeur, quoiqu’il eût alors, depuis quelques années, dépassé la cinquantaine.

Avant de repartir pour le Nouveau-Monde, il fit connaître l’état prospère de sa colonie monastique et de son abbaye, où vivent maintenant 72 moines, tous Espagnols.

« Mais, disait-il, nous sommes toujours et pour longtemps encore les enfants de la Providence, parce que, à mesure que nos ressources augmentent, nous admettons un plus grand nombre de sauvages à partager notre vie. Les indigènes de cette première génération ne peuvent pas encore se suffire ; il faut que nous les aidions en beaucoup de manières. Qu’il survienne une longue sécheresse ou des pluies prolongées, une épizootie sur les bestiaux ou une épidémie chez les sauvages, comme en 1860 ; voilà toutes nos réserves épuisées et nous nous trouvons réduits presque à la mendicité. Lorsque la seconde génération de nos Australiens sera arrivée à l’âge d’homme, elle pourra se passer de notre secours, parce qu’elle aura eu, dès l’enfance, l’habitude du travail, de l’ordre et de l’économie comme chez les bons agriculteurs de l’Europe. Nous-mêmes, dans quelques années, nous aurons terminé nos constructions, qui absorbent tout ce qui n’a pas été dépensé pour l’entretien journalier de plus de trois cents personnes. Nous ne serons plus réduits alors à tendre la main à nos frères de l’Ancien Monde, et nous pourrons vivre de notre propre vie, Toujours, il est vrai, à la sueur de notre front, mais, enfin, avec nos ressources personnelles. »




Et maintenant, quittant l’Australie, passons en revue les îles de son voisinage.

En voici d’abord une sur laquelle flotte le pavillon tricolore.

Terre française !