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NOUVELLE-CALÉDONIE

Nouméa. Le Canaque. Usages bizarres et cruels. Avenir de la race canaque. L'île des Pins !


ERS la fin de 1853, la France se décida à prendre possession de la Nouvelle-Calédonie. L’année suivante, M. de Montravel, capitaine de vaisseau, choisissait Nouméa pour y fonder un premier établissement et lui donnait le nom de Port de France.


NOUVELLE-CALÉDONIE. — CANAQUE.


Nouméa. — Cette ville est située près de la pointe sud-ouest de la Nouvelle-Calédonie.

« C’est, rapporte un missionnaire, le lieu le moins fertile et l’un des moins beaux de cette île, quoique, sous ces deux rapports, il ne soit pas à dédaigner ; mais c’est incontestablement un port magnifique. Fermé en avant par une île qui a plus d’une lieue de long, il comprend de nombreuses baies, larges, profondes et bien abritées ; il pourrait recevoir des flottes considérables, et, comme point militaire, il est d’une très facile défense. »

Une jolie ville européenne s’y élève.

Le Canaque. — Mais nous avons hâte de rencontrer sur cette terre barbare autre chose que des rues alignées au cordeau, des hôtels de ville et des écoles bâties par adjudication. C’est l’homme, le naturel du pays que nous voulons voir. Montrez-nous l’indigène ! Quelles sont ses qualités ? Quels sont ses défauts ?

Plus laborieux que les autres insulaires des tropiques, les Canaques de la Nouvelle-Calédonie sont doués d’un vrai talent pour les irrigations ; ils savent faire monter l’eau sur les collines, sur les montagnes, pour arroser leurs plantations, qui sont bien cultivées.

Dans les premiers temps de la conquête, la monnaie la plus usuelle parmi eux, c’étaient les pipes et le tabac. Tout le monde fume ; enfants et vieillards, femmes et jeunes filles, on les rencontre tous avec une pipe passée dans leurs cheveux, ou placée en guise de pendant d’oreilles. Leur provision est-elle épuisée, ils consentent alors à vous rendre des services pour avoir du tabac : « Il est fâcheux, faisait observer un missionnaire, que ces malheureux dépensent ainsi en fumée ce qu’ils gagnent ; mais il n’est pas facile de corriger cette habitude, singulièrement favorisée par le « communisme » océanien. Ce fléau social, avec ses hideuses et désolantes conséquences, tyrannise les tribus de ces îles. Ici, il faut tout partager. Celui qui, par son industrie, par son application au travail, amasse quelques richesses, devient puissant dans sa tribu ; c’est un grand chef, dont on parle au loin, mais à la condition qu’il communique ce qu’il possède. Agir autrement serait pour l’ordinaire exciter des