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UNE NOUVELLE UNIVERSITÉ À BOMBAY

l’on confère les grades. Elle sera autre chose. Elle sera une école de hautes études, où l’enseignement se donnera comme il se donne dans nos conférences, dans les séminaires allemands, où les researches classes d’Amérique. Organisée en vue de ceux qui ont à cœur de faire progresser la science, la nouvelle Université ouvrira surtout ses portes aux diplômés et à ceux qui, après avoir passé plusieurs années en Europe, voudront continuer leurs travaux. L’Inde est un merveilleux champ d’exploration, qui appelle l’historien, le linguiste, le philologue, le naturaliste, et il est à présumer que son sol vierge fournira aux travailleurs de belles moissons. Mais ce n’est pas tout. L’Inde est aussi un pays de population très dense ; et quand on songe aux conséquences heureuses que peut avoir pour le bien ètre, le progrès matériel et moral de tant de millions d’individus, la moindre découverte scientifique, on comprend la séduction irrésistible qu’a exercée sur des esprit généreux la perspective d’apporter peut-être quelque soulagement à d’affreuses misères. Aussi, la presse aidant, le projet a-t-il rallié dans une pensée commune de progrès et de relèvement national, des hommes de tous les partis, des {findous, des Parsis et des Mahométans, des adhérents de toutes les sectes et de toutes les croyances religieuses.

Quant au personnel enseignant que les promoteurs de l’œuvre comptent demander à la France, à l’Angleterre, à l’Allemagne, rien ne sera épargné pour l’attirer et le fixer. Une mission a été déjà envoyée à cet effet en Europe et l’année passée on a pu voir à Paris un jeune et intelligent Parsi venu pour s’informer des conditions auxquelles il serait possible de recruter les professeurs de la future Université. Il parlait d’émoluments élevés, de congés fréquents, permettant de longs séjours en Europe, de facilités de toutes sortes accordées là-bas à ceux que tenteraient l’attrait de la recherche dans des terrains inexplorés et l’espoir de découvertes nouvelles.

Il faut donc espérer que nos jeunes docteurs entendront l’appel qui leur sera un jour adressé. L’amour de la science et le souci de nos traditions les plus chères leur en font un devoir, car, par la part qu’ils prendront aux travaux de la nouvelle école, ils ajouteront au trésor de nos connaissances, ils agrandiront le rayonnement intellectuel de notre pays, et ils contribueront à donner à ces grandes races des rives de l’Indus et du Gange une conscience toujours plus haute de leurs destinées ; toutes choses qui sont bien dans les données du génie français.

P. Melon.