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L’UNIVERSITÉ DE PARIS SOUS PHILIPPE-AUGUSTE

quelques découvertes ! Ne veulent-ils pas connaître la conformation du globe, la vertu des éléments, le commencement et la fin des saisons, la place des étoiles, la nature des animaux, la violence du vent, les buissons, les racines ! voilà le but de leurs études : c’est là qu’ils croient trouver la raison des choses. Mais la cause suprême, fin et principe de tout, ils la regardent en chassieux, sinon en aveugles. Ô vous qui voulez savoir, commencez, non par le ciel, mais par vous-mêmes ; voyez ce que vous êtes, ce que vous devez être et ce que vous serez. À quoi sert de disputer sur les idées de Platon, de lire et de relire le songe de Scipion ? À quoi bon tous ces raisonnements inextricables qui sont de mode et cette fureur de subtiliser où beaucoup ont trouvé leur perte ? ».

C’est la condamnation de la science que prononce l’abbé de Saint-Victor ; heureusement, ce moine prêchait dans le désert et l’esprit humain poursuivait, quand même, sa marche en avant. Beaucoup de clercs, sans être hostiles de parti pris au mouvement scientifique, sans vouloir réduire toute la connaissance et tout l’enseignement à la théologie, faisaient cependant des réserves, dénonçaient certaines tendances et certains faits contraires à l’organisation comme à l’esprit de l’Église.

Dans l’étude des arts libéraux qui composaient le trivium, les maîtres et les étudiants s’engouaient de littérature profane et surtout de poésie latine. Ils abandonnaient tout pour lire des vers latins et pour en faire. Ils versifiaient des chansons, des contes, des odes, des comédies, souvent dans un genre plus que léger, ce qui s’explique par la grossièreté générale des mœurs, et par l’enthousiasme naïf de ces clercs qui, dans l’antiquité, admiraient tout, sans distinction. Nombreux étaient les prélats lettrés qui avaient débuté par des poésies folâtres, imitées d’Ovide ou d’autres poètes érotiques, péchés de jeunesse que l’âge mûr réparait par des productions édifiantes. Les plus sévères critiques, Étienne de Tournai et Pierre de Blois, n’avaient pas, à cet égard, la conscience bien nette. Un frère de Pierre de Blois, Guillaume, qui fut bénédictin et abbé, écrivit une comédie latine, l’Alda, dont la fin ne saurait se traduire en français. Une sorte d’idolâtrie sensuelle du paganisme, voilà à quoi aboutissait, pour beaucoup de clercs, l’étude des humanités. Quant au quadrivium, aux sciences proprement dites, comme elles avaient moins d’attrait par elles-mèmes et ne rapportaient qu’un maigre profit, la masse des étudiants les négligeait ou les délaissait complètement.

L’esprit utilitaire, chez eux, se développait. Pour obtenir une prébende, une prélature, il suffisait, à la rigueur, d’avoir étudié les