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obtint de l’évêque et du chapitre un subside de guerre qui se monta à la somme de 250 marcs d’argent[1]. Au dire de nos auteurs, ce fut en récompense de ce service que, l’année suivante, Philippe-Auguste donna à l’évêque le château d’Arzon et l’en fit mettre en jouissance réelle par l’un de ses principaux officiers, ce connétable qui n’était point Matthieu de Montmorency, comme on le répète à tort, mais bien Dreux de Mello, lequel conserva cette dignité jusqu’au 3 mars 1218[2]. Il existe, croyons-nous, des motifs plus sérieux à cette libéralité royale. Et tout d’abord le concours énergique apporté par l’évêque à l’œuvre du pape Innocent III dut être pour beaucoup dans le souvenir reconnaissant du monarque, engagé lui aussi par sa foi et surtout par sa politique dans la terrible querelle des Albigeois. D’autre part, Philippe-Auguste obéissait en cette circonstance aux traditions de sa race. Depuis 1196 et avant il s’efforçait d’étendre la monarchie française en deçà de la Loire, dans ces belles contrées aquitaniques qui furent de bonne heure le constant objectif de la dynastie capétienne. En l’année 1196, Philippe-Auguste avait conquis une partie de l’Auvergne et c’est au cours de cette guerre que le dauphin Robert lança au roi Richard Cœur-de-Lion ce cartel que M. l’abbé Payrard a cité dans ses Noëls de Cordat[3] :

  1. Discours historiques d’Oddo de Gissey, édit. de 1644, p. 363.
  2. Gallia Christiana, Eccl. Aniciensis, t. II, col. 708, et Histoire généalogique du P. Anselme t. VI, pp. 57 et 58… M. Douët d’Arcq (Collection de Sceaux, Paris, Plon, 1867, t. II, p. 540), a vérifié la charte de juin 1212 par laquelle Bertrand de Chalancon reconnaît avoir reçu de Philippe-Auguste, en accroissement de sa régale, le château d’Arzon. Ce diplôme se trouve aux Archives nationales J. 338. no 1, et il porte appendu un sceau ogival de 65 millimètres, lequel représente un évêque debout, vu de face, mitré, tenant sa crosse à droite, et un livre à gauche ; tunique, dalmatique, étole, chasuble et pallium, avec cette légende :
    † SIGILLUM BERTRA… NICIENSIS EPISCOPI.

    Le contre-sceau porte : une colombe, avec cette légende :

    † CVSTOS SECRETI.
  3. Recueil de Noëls Vellaves, le Puy, 1876, Introduction, pp. XIX et XX.