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bertrand de chalancon

Reis, pus vos de mi chantatz,
Trobat avetz chantador,

. . . . . . . .

Anc no fuy vostre juratz

E connoissi ma folor.
Qu’ieu no soi reis coronatz
Ni hom de tan gran ricor ;

. . . . . . . .

Pero Dieus m’a fag tan bon

Qu’entr’el Puey et Albusson
Puesc remaner entr’els mieus,
Qu’ieu no soi sers ni juzieus[1].

Même en 1211, la couronne n’avait qu’un pouvoir assez précaire, une haute suzeraineté sur notre province. Dans son Histoire du Monastère de Viaye, M. Rocher s’occupe de cette guerre de 1196, et démontre qu’à cette époque le véritable comte de Velay, le seigneur effectif, n’était autre que le dauphin d’Auvergne. Chose bizarre et qui accuse bien l’instabilité de ces époques anarchiques ! notre province, soumise à toutes les versatilités de son suzerain immédiat, le dauphin d’Auvergne, releva comme lui, vers la fin du XIIe siècle, à titre transitoire il est vrai, de la mouvance anglaise[2]. Philippe-Auguste, esprit net et volonté robuste, ne pouvait s’accommoder de cette instabilité administrative, qui ne laissait à son autorité, en nos

  1. « O roi, puisque vous chantez de moi, vous avez trouvé un chanteur… Si jamais je vous fis un serment, c’était folie de ma part. Je ne suis point monarque couronné, ni homme de si grande richesse que vous ; mais, grâce à Dieu, je puis tenir ferme avec les miens entre le Puy et Aubusson et je ne suis ni serf ni juif. » Pour cette campagne de 1196, qui intéresse de si près notre pays, il faut lire le t. IV, pp. 80, et sq., édit. de 1860, de l’Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, d’Augustin Thierry. Dans son Histoire de Viaye, M. Rocher donne des détails très-curieux sur cette même campagne de 1196. (Le Monastère de Sainte-Marie de Viaye, Le Puy, Marchessou, 1878, pp. 70 et suiv.).
  2. M. Rocher, à l’appui de cette féauté changeante et mobile de notre province, cite la présence au Puy, en 1223, d’un certain Gérald, chorier et chancelier du roi d’Angleterre. (Voir la Haute-Loire du 28 août 1877.)