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lettres de bourgeoisie

plir. Malheureusement on voit aussi, par ces mêmes statuts, en combien de fragments était divisée la bourgeoisie elle-même. C’est ainsi qu’on voit distinguer avec soin les marchands des bourgeois et, par cette dernière qualification, on entend désigner ceux des membres de la classe moyenne qui ne s’adonnent à aucun travail lucratif et trouvent dans leur fortune le moyen de vivre avec bienséance. »

M. Mandet conclut dans ses Récits du moyen âge (1862), au chapitre sur la bourgeoisie dans le Velay : « Les privilèges des villes ont formé le droit des bourgeois et ont donné l’origine aux bourgeoisies. Mais peu à peu tout se transforme, et les bourgeois qui d’abord étaient tous les habitants du bourg ou de la ville, sont enfin une portion déterminée d’urbains[1]. »

La bourgeoisie, considérée dans un sens général, était donc, sans nul doute, la collectivité des citoyens d’à peu prés toute condition, jouissant des immunités municipales et armés pour leur défense. C’était le cas de la cité du Puy qui se glorifiait, à

  1. M. Mandet fait connaître les particularités suivantes qui se rapportent à l’une des anciennes phases de la bourgeoisie : « Le souverain, dit-il, dans le but de se fortifier contre les féodaux, suppléa au domicile réel par un domicile fictif. Les bourgeoisies furent étendues hors de l’enceinte des villes et, par un singulier effort d’autorité, on put devenir bourgeois du roi sans cesser de demeurer sur les terres d’un seigneur particulier. L’on fut ainsi soustrait, quant à la personne, à la juridiction féodale. De là naquirent les distinctions de bourgeois du roi, autrement appelés du dehors ou forains, et de francs-bourgeois ou du dedans. Ceux-ci devaient avoir un domicile continu dans la ville, étaient agrégés à son corps de bourgeoisie, et partageaient ses charges comme ses privilèges ; ceux-là prêtaient serment de fidélité immédiate au roi, mais ils n’étaient point obligés à une résidence fixe ; seulement, ils avaient soin de se faire inscrire sur les registres de la ville et lui payaient un droit annuel, droit dont étaient affranchis les bourgeois urbains, d’où leur vint leur nom defrancs-bourgeois. »

    « Dans le Velay, les bourgeois du roi était astreints, pour suppléer au domicile réel, à acheter une maison au Puy, et devaient y habiter trois jours de suite chaque année, à la Noël, à Pâques, à la Pentecôte et à la Toussaint. Toutefois ils pouvaient se faire exempter de cette obligation en payant annuellement au souverain un marc d’argent. »

    « … Les chartes indiquent le Puy comme résidence fictive pour la bourgeoisie royale dans le Velay. »