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qui ressemblent à des moignons : ils commencent alors leur migration vers la surface de la terre et, lorsqu’ils y sont arrivés, ils se trouvent pourvus d’ailes excessivement fines et délicates et ayant plus du double de la longueur de leur corps. Ces animaux ailés sont des deux sexes ; le mâle pourvu exclusivement des organes de la génération est créé uniquement pour féconder la femelle : il remplit son rôle et meurt. La femelle fécondée pond un, deux, rarement trois œufs et meurt elle-même à côté de son produit ; existence bien courte, mais dont les résultats que nous venons d’étudier sont cependant bien terribles.

Avant de connaître ces métamorphoses du phylloxera, on ne s’expliquait pas ces migrations du fléau à des distances énormes, ces invasions subites dans des contrées jusque-là indemnes et éloignées des points contaminés : la chose est aujourd’hui facile à comprendre : ces petits êtres ailés à peu près incapables d’un vol personnel, sont organisés, avec leurs longues ailes et leurs corps microscopiques, de manière à être enlevés par le vent et emportés par lui à des distances inconnues. Ils ne volent pas, ils sont entraînés, mais tôt ou tard ils retombent sur la terre, soit par la cessation du vent, soit par la rencontre d’un obstacle matériel. Notre département, avec ses coteaux escarpés, verra malheureusement ses vignes exposées au midi servir trop tôt d’étape aux colonies qui doivent le dévaster[1].

Déjà le fléau nous envahit, le mal, j’en suis convaincu, est à l’état latent dans beaucoup de localités ; il y reste inconnu par ignorance ou par insouciance. C’est dans le but de détruire, d’affaiblir au moins cette double cause de propagation du fléau que je fais cette conférence et que j’ai prié M. l’Inspecteur d’académie d’y faire assister les instituteurs des communes viticoles ; ils peuvent être et seront dans les campagnes les

  1. L’événement n’a pas tardé a venir justifier mes prévisions ; depuis ma conférence, trois instituteurs qui y avaient assisté, m’ont signalé des vignes que j’ai reconnues envahies déjà depuis au moins deux ou trois ans. Toutes sont dans les conditions que je viens de signaler.
    (Note du conférencier.)