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Page:Société historique algérienne - Revue africaine, volume 60, 1919.djvu/380

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où Plotin s’efforce de consolider, par la philosophie, l’édifice chancelant du paganisme officiel[1]. Prince « très clément », il a publié cet édit de modération et de tolérance, qui rend aux communautés chrétiennes leur liberté, leurs églises et leurs biens, et au monde, assombri par sept ans de persécutions sanglantes, la paix des consciences[2]. Enfin, mérite qui dépasse tous les autres aux yeux des hommes qu’elle a sauvés, sa valeur militaire — virtus invicia — venait d’arrêter, devant Milan, le flot des Alamans et d’épargner à l’Italie l’horreur inouïe des invasions[3].

Si on la date de 261, la louange qu’Aurelius Victor décerne à ses maîtres devient d’actualité.

De toute façon, c’est aussitôt après qu’elle a reçu sa récompense. En 262, Aurelius Victor a été promu au gouvernement de la province procuratorienne de Maurétanie Césarienne : son zèle dévot ne s’y est pas refroidi, d’ailleurs ; et l’inscription qu’il a fait graver à Miliana (Zuccabor)[4] le 1er janvier 263, est une dédicace aux dieux « pour le salut » de l’empereur Gallien.

Puis — qu’il ait, dans l’intervalle, perdu la faveur de Gallien, ou plutôt que sa disgrâce ait suivi le meurtre de ce prince — nous le retrouvons, simple particulier, en Dacie, soit que cette province ait été son pays d’origine, soit qu’il ait cru bon de s’y réfugier contre les poursuites de ses ennemis. Mais c’est peut-être le cas de répéter avec le poète :

Coelum non animum mutant qui trans mare currunt[5].

  1. Porphyre, XII. C’est vers 261-262 que la faveur de Plotin parait avoir été la plus grande. En 263, échoue son projet de Platonopolis. Cf. La Realencyclopadie de Pauly, V, 1755.
  2. Cf. Homo, op. cit., loc. cit., p. 226.
  3. Cf. Ibid., p. 262.
  4. Cf. Gsell, Atlas, XIII, 70.
  5. Hor., Serm., I, 11, 27.