Cagnat a exprimé l’opinion qu’il n’était pas « impossible que le mécontentement des chrétiens », dû aux mesures persécutrices prescrites contre eux par Valérien, n’eût alors trouvé « un écho chez les populations de la montagne toujours prêtes à relever la tête »[1]. Si ingénieuse qu’elle soit, cette opinion se heurte, semble-t-il, à l’enchaînement des faits tel qu’il est possible de le renouer aujourd’hui. La persécution de Valérien a commencé en Afrique, en août 257. L’édit de Gallien l’a close dès 260[2]. Or, les troubles l’ont précédée de quatre ans. Ils ont duré au moins deux ans après elle. La chronologie rompt tout lien de cause à effet entre la politique religieuse des empereurs et les révoltes qui ont, au IIIe siècle, désolé le territoire algérien. Que l’on veuille, au contraire, comparer l’état de l’empire à la date à laquelle elles éclatèrent, et l’état de l’empire à la date où elles ont cessé[3], et l’on discernera vite la raison qui les a suscitées. Ébranlé du dehors, sur le Rhin, et en Orient, l’empire de 253 est, en outre, divisé contre lui-même, disputé entre Valérien et Émilien, l’usurpateur originaire d’Afrique[4] dont l’autorité s’est fait reconnaître, au moins localement, en Numidie[5] et en Maurétanie[6]. Autrement solide, apparaît l’empire de 262. En Occident, tout, au moins, les victoires de Gallien sur Ingenuus (258), sur Macrianus et sur Postume (262) l’ont ramené à l’unité. Fortifié sur les Alpes par la défaite des Alamans (261), il oppose à la menace qui lui venait d’Asie, le rempart provisoire d’un état vassal, créé, à Palmyre, au bénéfice d’Odaenath (261). D’où cette conclusion que l’histoire