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Lettre du docteur de Man à M. G. Cumont,

Middelbourg^ 15 décembre 1897.

Très honoré Monsieur Cumont^

Je vous suis bien obligé pour l'honneur que vous voulez me faire en expliquant mon mémoire hollandais dans votre société. On rencontre encore aujourd'hui quelques rares collines dans l'île de Gœrée^ qui faisait autrefois partie de la Zélande^ et il est bien vraisemblable que de tels tertres ont aussi existé en Hollande et dans la Flandre littorale. On devrait encourager les archéologues de ces pays à faire des recherches dans les archives sur les noms des communes et des terrains^ pour voir si l'on peut encore retrouver les vestiges de la présence de ces tertres. Il est bien étonnant qu'on s'occupe toujours d'explorer les cime- tières gallo-romains ou francs^ et qu'on ne fasse pas d'efforts pour savoir où ont demeuré ou été ensevelis les premiers habitants des marais de la Flandre.

Quant à la question de savoir si les tertres ont seulement servi pour se réfugier en cas de besoin^ je ne puis pas décider qu'il en est absolu- ment ainsi ; les preuves certaines feront peut-être toujours défaut. — Les tombelles de la Campine du Limbourg et d'autres contrées ont toujours une hauteur de l à 2 mètres ; les nôtres ont toujours 10 à 15 mètres. C'est presque inconcevable que^ dans un pays absolument pauvre et peu peuplé^ on ait eu l'habitude de faire d'énormes frais pour une sépulture ; car il faut beaucoup de laboureurs pour construire des collines aussi hautes. D'ailleurs^ on ne trouve aucun cercueil dans les environs^ et^ même^ on n'en trouve nulle part dans les îles ; il semble qu'on doit en conclure qu'on n'avait pas la coutume alors de confier les morts à ce sol incertain et marécageux. Il paraît bien probable qu'on emmenait les morts vers les régions les plus hautes^ c'est-à-dire près des dunes.

La population campagnarde a partout la même tradition se rapportant à des collines élevées contre les inondations. Seulement, dans un endroit

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