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ce n'est qu'à partir de l'an 900 que l'occupation commença à acqué- rir quelque densité.

Les nouveaux occupants n'eurent en rien à s'inquiéter de con- struire des tertres, car de l'an 900 à l'an 1000 les rivages ne firent que reculer, au delà même de leur position actuelle.

Mais, à partir de l'an 1000, un nouvel affaissement du sol, d'abord très lent, commença à se faire sentir.

A partir de ce moment, les eaux marines tentèrent donc de rentrer dans les terres, et bientôt les éleveurs de bestiaux les plus proches du littoral commencèrent à ressentir des craintes, et ils élevèrent les premiers tertres.

L'envahissement continuant, vers 1050, une nouvelle zone de tertres, en retrait des premiers — qui durent sans doute être éva- cués — s'éleva, tandis que les habitants moins exposés songeaient à construire des digues. C'est ce qui probablement eut lieu, mais timidement, sans moyens puissants et sans ressources.

Vers l'an iioo, une large portion de territoire était soit sous l'eau, soit sérieusement menacée.

Les tertres devinrent de plus en plus nombreux et les rudiments de digues se raccordèrent et s'étendirent.

Cette situation se perpétua jusque vers l'an 1250, époque où la mer, étant parvenue jusqu'à la première digue, fut momentanément arrêtée; mais l'affaissement du sol persistant et de violentes tem- pêtes, dont la tradition a conservé le souvenir, s'étant élevées, les hautes marées, poussées par le vent du S.-O., montèrent à l'assaut des digues rudimentaires et l'envahissement maximum et désastreux se produisit.

On voit que cet exposé, basé en grande partie sur des recherches géologiques et sur des trouvailles archéologiques, nous montre, avec la plus grande précision, l'âge des tertres, leur succession dans le temps et nous explique leur construction avec les terres environ- nantes, l'utilisation du sol avant relèvement des tertres, la proxi- mité d'étables ou de métairies, la pauvreté des habitants, l'exis- tence des tertres près des chemins, des cours d'eau et des rivages et, enfin, un peu plus tard, le rapport des tertres avec les seigneu- ries, les tertres établis en régions non envahies par les eaux ayant, par la suite, été l'origine d'un village avec ou sans château.

Après cela, il n'est guère utile de combattre, avec l'auteur, l'idée