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tant en une dorure totale des fioures, à l'exception, toutefois, des carnations et des revers des vêtements devenus d'un bleu foncé tirant sur le noir. Les parties planes des architectures ont été agré- mentées de petites rosaces symétriquement disposées de manière à produire des losanges. Ces accessoires ont l'avantage de prévenir la monotonie qui résulterait de surfaces uniforaiément brillantes ; et, en amortissant l'éclat des ors, le temps a revêtu ce gracieux monument d'une patine chaude et harmonieuse qu'on rechercherait en vain dans les plus belles pièces d'orfèvrerie.

Une des œuvres les plus intéressantes venant, à n'en pas douter, d'un atelier bruxellois est le retable (pi. XIII) qui a été ramené, il y a quelques années à peine, d'Italie, où il avait été vendu dans la seconde moitié du xv^ siècle ; il est malheureusement privé de ses volets primitifs dont on aperçoit encore les charnières.

Chaque compartiment est surmonté d'un arc en accolade. L'amortissement consistait en une statue dont il serait malaise d'indiquer le sujet. Seuls les culs-de-lampe qui lui servaient de support nous sont parvenus. Les redents qui décorent l'intrados des arcs présentent l'aspect d'une élégante dentelle. Au dessus des hauts-reliefs régnent des dais, surmontés de flèches élancées qui contribuent à donner à l'ensemble une légèreté extrême. Ces gra- cieux motifs rappellent la décoration architectonique du retable de saint Léonard à Léau ; mais, dans ce dernier, l'artiste a terminé les flèches du milieu par des bulbes ajourées. A la partie inférieure du retable se trouve six fois répétée l'inscription en caractères gothi- ques : « Droit et Avant », dont nous reparlerons plus loin.

Le premier compartiment à gauche renferme deux scènes, a) La première nous montre J.-C. assis à la table de Simon le lépreux au moment où Marie-Madeleine se dispose à verser l'huile de nard sur les pieds du Sauveur. On voit, au premier plan, deux apôtres qui marquent par leurs gestes l'étonnement que provoque en eux la prodigalité de la pécheresse. Jésus lève la main pour donner plus d'autorité aux paroles par lesquelles il justifle et loue la marque de vénération dont il est l'objet, répondant ainsi aux critiques inté- ressées de Judas et aux nuinnures des disciples qui ne partageaient pas sa manière de voir.

b) Lazare, assis dans le tombeau, tend les mains vers Jésus qui vient de prononcer ces paroles : « Lazare, venez dehors». Made-