Page:Société royale d'archéologie de Bruxelles, Annales, vol 13 - 1899.djvu/317

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l'ordonnance de mes dis exécuteurs, telle manière comme bon leur semblera. »

Préoccupé par les immenses travaux qu'il faisait exécuter à Dijon, Philippe le Hardi perdit de vue les volontés expresses de son beau- père, et, plus tard, Jean sans Peur, emporté par le tourbillon des luttes et des intrigues, était loin de songer à des entreprises aussi pacifiques que l'érection d'un tombeau. Il était réservé à Philippe le Bon d'accomplir le vœu de son bisaïeul Louis de Maie, en élevant à sa mémoire l'un des monuments les plus fameux du moyen âge.

Au xviii^ siècle, ce tombeau avait déjà eu le privilège d'attirer l'attention de Montfaucon, qui le fit graver pour les Monuments de la Monarchie française (tome III, p. 187). Millin, peu satisfait de cette reproduction, en fit exécuter sous ses yeux pour les Antiquités nationales (pp. 56-68) quatre planches beaucoup plus soignées que celles qui figurent dans l'ouvrage du savant bénédictin. Le dessina- teur de Millin a presque saisi le caractère et l'expression de plusieurs statues qui décoraient cette sépulture. Ni Millin ni Montfaucon n'insistent sur le mérite artistique du monument. Celui-ci se borne à signaler « les différents bonnets, chapeaux, couvre-chefs, coiftures de femmes qui varièrent beaucoup dans les anciens temps ».

Les gravures auxquelles nous faisons allusion nous permettent d'observer le système de l'armure portée par le noble gisant : les grèves, les cuissards, les brassards devaient être formés de pièces en cuir bouilli et renforcés d'ornements en fer forgé. Quant à la cuirasse, elle était dissimulée sous une cotte d'armes chargée du lion de Flandre. Le haume, timbré d'une couronne ayant pour cimier une tête de lion entre un vol, était posé sur une colonnette placée derrière la tête de Louis de Maie. Celui-ci était coiffé d'une sorte de cervellière d'où s'échappait une chevelure fournie ; il portait l'épée et la dague et ses pieds foulaient le lion traditionnel. Il avait à sa droite Marguerite de Brabant, sa femme, morte en 1368; derrière sa tète, se trouvait un ange à genoux tenant un écusson aux armes de Brabant parti de Flandre ; de l'autre coté, sa fille Marguerite de Flandre, femme de Philippe le Hardi, duc de Bour- gogne, morte en 1405; ses pieds, comme ceux de sa mère, repo- saient sur un chien. Près de la tête de chacune d'elles, un ange tenait un écusson de Bourgogne moderne soutenu par Bourgogne ancien parti de Flandre. Fait intéressant à noter pour l'époque.