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Ses commencements furent modestes, mais elle s'accrut rapide- ment et il ne lui fallut guère plus d'un siècle pour atteindre à un degré d'importance et de splendeur que Fon a peine à concevoir aujourd'hui, « Floriùt quasi liliuin », dit un chroniqueur. Un his- torien (Gramaye) l'appelle « la gloire du Brabant ». Comblée de faveurs par les ducs de Brabant et par d'autres grands personnages, elle ne tarda pas à devenir une puissance temporelle autant que spirituelle.
Bornons-nous à rappeler qu'elle intervint en 1201 dans la création de l'abbaye de La Cambre, aux portes de Bruxelles, et qu'elle eut la gloire de fonder deux grandes colonies : l'abbaye de Grand-Pré, à deux lieues de Xamur (1231), et celle de Saint-Bernard, sur l'Escaut (1238).
L'abbaye avait autorité sur un grand nombre de béguinages et de couvents de femmes (Cistercines ou Bernardines), auxquels elle fournissait des directeurs spirituels (Florival, Argenton, Val-Duc, Val-les-Dames ou Wrouw perck, Binderen, Terbank, etc.).
Indépendamment du monastère, qui forme un enclos de 1 5 hec- tares, dont le mur d'enceinte a plus de 1500 mètres, Villers avait, sous la dénomination de « refuges », de superbes hôtels à Bru- xelles ', à Malines, à Lierre, à Louvain et à Namur. Sans parler des métairies, des bois et des moulins, l'abbaye possédait plus de 80 grosses fermes, presque toutes morcelées aujourd'hui, mais dont l'une, qui forme le vaste domaine du Chenoy, permet d'apprécier l'importance. Les moines de Villers, qui avaient défriché pendant des siècles la partie wallonne du Brabant, étaient aussi devenus propriétaires de grands domaines dans la Campine anversoise et ailleurs. L'état de leurs dîmes, qui s'étendaient au loin, forme un gros cahier, de même que les cartes et les plans de leurs propriétés constituent un volumineux atlas.
Rappelons enfin que, comme les autres abbés du Brabant, celui de Villers fut astreint, en 1781, à contribuer aux travaux de trans- formation du quartier du parc à Bruxelles. C'est ainsi qu'il fut amené à faire construire par l'architecte Montoyer un hôtel qui lui coûta plus de 250,000 florins, et qui forme aujourd'hui l'aile gauche du palais du Roi.
^ Rue du Chêne, tout contre la « rue de Villers », à l'endroit où l'on a con- struit l'Athénée Royal.