Page:Société royale d'archéologie de Bruxelles, Annales, vol 13 - 1899.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

422

critique très habitué à l'ancien art flamand pourrait seul débrouiller ce chaos. Ainsi, le Saint-Hippolyte, à l'Université de Coïmbre, est un pastiche de celui de T. Bouts à Saint-Sauveur de Bruges.

M. Latouche ' assure que les tableaux portugais du Musée de Lisbonne furent tout simplement peints par des Flamands. Il est évident que les peintres de Bruges, émules de Gérard David, durent assumer une notable partie des commandes expédiées par mer, telles que le retable de Dantzig ; mais il est remarqua- ble que la plupart des œuvres flamandes que l'on découvre en Espagne et en Portugal sont dues à l'Ecole de David ou au maître lui-même.

Nous avons négligé à dessein de parler des œuvres de choix de la collection de Somzée, leur possesseur mettant un soin extrême à en déterminer la provenance exacte et la réelle valeur.

La description du grand triptyque de G. David : Sainte- Anne et la Vierge, sujet central, avec volets figurant Saint- Antoine de Padoue et Saint-Nicolas de Bari, a été donnée minutieusement par M. Vurgey ^. Elle rappelle par maint détail les œuvres principales que nous avons déjà mentionnées. Nous ne relèverons ici que l'indication des deux volets à cause de leurs points de contact avec le triptyque de Vienne, avec celui de Gênes et avec une œuvre que nous avons trouvée à Avignon.

D'un côté Saint- Antoine, debout, analogue à une figure du susdit tableau de Vienne, et vêtu d'un froc gris avec corde à nœuds, porte une croix latine ; de l'autre Saint-Nicolas tenant de ses mains gantées une crosse dont la tige se partage en trois parties ornées de spires et dont la volute sort d'un cercle d'ogives. Il porte une chape richement brodée de chardons d'or sur fond rouge ; sa mitre est ornée de perles et de rubis. Sur la poitrine se remarquent des orne- ments peu usuels : l'aigle et le lion, trois anges, un écu portant les instruments de la Passion. Les deux figures se détachent sur un fond de paysage et d'architecture spécial au goût de David. Il est à noter que ces tableaux proviennent de Majorque ; ils sont sortis de la collection du cardinal Despuig et, selon toute probabilité, furent commandés primitivement pour les chapelles de la cathé-

1 Bibliothèque de Genève, t. 57, p. 686.

2 Fédération artistique du 17 avril 1899, du 30 avril 1898 et du i"'^ mai 1808.