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drale de Palma, où Sainte-Anne et les autres saints représentés étaient tenus en grand honneur.

Cette hypothèse est corroborée par le fait fort curieux qu'à l'aide des panneaux de Gérard David on a exécuté une sorte d'imitation de la Châsse de Sainte-Ursule, qui pourrait paraître destinée à la même cathédrale de Palma. Cette fierté à six pan- neaux cintrés illustre par ses sujets la vie des saints Antoine et Nicolas.

Il nous paraît donc acquis que les ouvrages de David furent recherchés non seulement à Rouen, mais en Portugal et en Espagne, et de son vivant.

Une découverte que nous avons faite à Avignon, nous porte à croire qu'il en fut de même dans le midi de la France, et notam- ment à Carpentras, où a été trouvé dans une grange un volet de grand triptyque, représentant un évêque et provenant de la cathé- drale de cette ville. Le centre et le volet de gauche sont malheu- reusement perdus, mais le panneau qui reste au grand séminaire d'Avignon, et dont nous devons la photographie à l'extrême bien- veillance du révérend Supérieur, M. Ch. Roque, que nous remer- cions sincèrement, est d'une grande beauté et nous force à déplorer la disparition de l'ensemble (voir planche, page 385).

Ce tableau, à peu près de grandeur naturelle, représente saint Siffrein avec le mors symbolique, debout, vêtu d'une robe de laine blanche ayant de l'analogie avec celle du Municipio, à Gênes. Le saint porte la mitre et une chasuble verte à cassures singulières faisant souvenir des rideaux peints souvent par David et ornée d'une large bande dorée où sont figurés des apôtres à l'attitude pseudo-byzantine. Le fond d'or rappelle aussi ceux du Municipio et autour de la tête du saint se voit une sorte d'auréole de têtes d'anges de style pseudo-byzantin également. Saint Siffrein était le patron de l'église cathédrale de la ville auprès de laquelle le tableau a été découvert.

Le style traditionnel de l'ornementation, inspiré de Cimabuë quoique présentant des ogives, n'est certes pas dans les habitudes de G. David, qui a surtout peint des fragments de style ogival flamboyant et même tout à fait Renaissance. Cependant, il n'est pas impossible qu'il se soit soumis au désir d'un commettant, ou qu'il ait reproduit une figure ancienne qu'on lui aurait fournie comme modèle.