Page:Soderhjelm - Marie-Antoinette et Barnave.djvu/11

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que les protestations des historiens l’aient discrédité à jamais. Le meilleur parti était donc de suspendre une discussion qui ne pouvait provoquer de conclusion définitive jusqu’à ce que l’on pût recourir aux documents. Malheureusement, il n’était pas facile de les atteindre dans les archives du lointain château de Löfstad, en Suède. En assumant cette tâche, Mlle Alma Söderhjelm, professeur à l’Université suédoise d’Abo, a rendu grand service aux historiens et, comme directeur de cette collection, je lui suis particulièrement reconnaissant d’avoir bien voulu consentir à publier ici le résultat de ses investigations.

Mlle Söderhjelm est bien connue de tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Révolution. Après avoir étudié en Sorbonne, elle écrivit, en 1900, une thèse sur Le régime de la presse pendant la Révolution française et elle a publié, en 1929, des extraits du journal intime de Fersen (Fersen et Marie-Antoinette ; correspondance et journal intime inédits du comte Axel de Fersen. Paris, Éditions Kra). Admise aux archives du château de Löfstad et familière avec la correspondance de la reine, elle était bien préparée à cette nouvelle entreprise. Dans son introduction, elle a déduit les raisons qui lui ont paru militer en faveur de l’authenticité ; elle a réfuté les objections qui en avaient fait douter ; elle a étayé de nouveaux motifs la thèse qui attribuait à Jarjayes le rôle d’intermédiaire entre la reine et Barnave. Ses arguments emportent la conviction et l’examen du texte de la correspondance, rétabli dans son intégralité, fortifie cette conclusion.

À ses observations je n’ajouterai qu’un mot. Il s’agit de la sincérité de Marie-Antoinette à l’égard des constitutionnels et de la véracité de Barnave lorsqu’en présence du tribunal révolutionnaire, il déclara n’avoir jamais eu de rapports avec la Cour. Ces questions, à n’en pas douter, passionnent beaucoup plus de personnes que l’histoire même du parti feuillant, et elles. n’ont pas laissé d’exercer une certaine influence sur le débat relatif à l’authenticité des documents de Löfstad. Heidenstam prétendait y trouver la preuve que la reine était douée d’une capacité politique insoupçonnée et surtout qu’elle avait joué franc-jeu avec Barnave et ses amis, étant parfaitement décidée à accepter