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vert le croyait et il a écrit un livre pour les discuter avec le regret visible de ne pouvoir conclure en faveur des deux correspondants, ce qui lui était impossible, car il ne doutait pas que les documents produits par Heidenstam fussent authentiques. Mais il n’y a pas lieu de le suivre ici sur ce terrain. Je tenais seulement à rappeler qu’à mon avis, cette partie de la polémique était caduque dès l’origine et n’a jamais pu compromettre la thèse de l’authenticité.

La critique interne ne permettait donc plus de la mettre en doute. Mais il ne pouvait être question d’entreprendre la nouvelle publication sans qu’on eût procédé en outre à cette expertise graphologique qui avait été réclamée dès le premier moment. Sans doute, Heidenstam avait-il obtenu la caution d’experts suédois éminents qui avaient les originaux sous les yeux. Mais ils n’avaient comme pièces de comparaison que des photographies et leur étude ne s’était pas étendue aux lettres écrites par Jarjayes sous la dictée de Barnave. Les experts français au contraire trouvent aux Archives nationales des autographes de la reine, et aux Archives du Ministère de la Guerre, des autographes de Jarjayes. MM. de Boüard, professeur à l’École des Chartes, Bourgin, conservateur-adjoint aux Archives nationales et Anchel, archiviste paléographe aux mêmes Archives, ont bien voulu agréer ma demande et procéder à un nouvel examen des documents de Löfstad. Mais il fallait transporter ceux-ci à Paris et on mesurera, sans plus, les difficultés qui paraissaient s’y opposer. À la prière de Mlle Söderhjelm, Madame la comtesse Nordenfalk, qui en est aujourd’hui propriétaire, a bien voulu écarter tous les obstacles et, avec une libéralité dont je lui suis profondément reconnaissant, autoriser le transfert des documents à la légation de Suède où le comte Ehrensvärd, ministre plénipotentiaire, a consenti à en accepter le dépôt. L’expertise dont on lira plus loin le procès-verbal ne laisse plus prise à la moindre contestation.

La correspondance de Marie-Antoinette et de Barnave permettra d’écrire à nouveau, en toute sécurité, un chapitre de l’histoire du parti feuillant et d’y introduire plus de nuances qu’on n’avait pu le faire jusqu’ici. L’importance de la revision de la