Page:Soderhjelm - Marie-Antoinette et Barnave.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fait, elles étaient destinées à Barnave : leur contenu ne laisse aucun doute à cet égard. En sens inverse, Heidenstam ne s’est pas aperçu que, dans le dossier de sa correspondance avec Barnave, la reine, qui évidemment ne partageait d’ailleurs pas les préoccupations d’un archiviste, avait glissé par inadvertance plusieurs minutes de lettres qui n’avaient rien à y faire. Tel est le cas pour un billet du 18 novembre, sans indication d’année, mais que Heidenstam a rapporté hardiment à 1791 : il a fait l’objet d’une des critiques les plus sérieuses de Mr Glagau. En réalité, il est de 1790 et concerne les relations de la reine avec Mirabeau.

Heidenstam a beaucoup souffert d’avoir vu contester sa bonne foi et il est mort récemment sans avoir obtenu des historiens la réparation qu’il souhaitait. C’est à tort qu’on a mis en doute sa loyauté ; après avoir lu le procès-verbal de l’expertise à laquelle Mr Lefebvre a fait procéder, ainsi que nos explications, tout le monde reconnaîtra que sa mémoire est lavée de tout soupçon. Mais il n’avait qu’à s’en prendre à lui-même et il est très naturel qu’on l’ait suspecté. Il convient seulement d’observer que ses critiques auraient mieux fait, après avoir exprimé leurs doutes, de suspendre leur jugement jusqu’à ce qu’on eût comparé ses publications avec les documents. Que Heidenstam eût donné deux versions de ses documents dans la Revue de Paris et dans son livre, c’était une naïveté dont un faussaire n’eût sans doute pas fait preuve.

Quoi qu’il en soit, il était nécessaire de recourir aux documents pour trancher la question. Madame la comtesse Nordenfalk, à qui la propriété en appartient aujourd’hui, a répondu favorablement à notre demande. Nous sommes heureux de pouvoir lui exprimer ici notre reconnaissance. De l’examen auquel nous nous sommes livrés, il résulte que les objections qui avaient été formulées contre l’authenticité ne peuvent être retenues.