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III

On peut faire deux parts dans les objections de Mr Glagau et de Miss Bradby. Les unes concernent le ton et la forme des lettres ou la vraisemblance de telle ou telle assertion ; les autres, très précises, signalent des impossibilités évidentes ou des erreurs de fait que Barnave ne pouvait pas commettre.

Nous n’insisterons pas longuement sur les premières qui n’ont rien de décisif. Marie-Antoinette écrivant à Barnave qu’elle aurait cherché plus tôt à lui faire parler, si Lafayette ne lui avait dit, de sa part, qu’il la priait « de ne pas parler de lui, ni d’avoir l’air de s’en occuper »[1], Miss Bradby estime que Lafayette ne se serait pas chargé d’un message pour la reine. Pourtant, qu’y a-t-il là d’invraisemblable ? Les triumvirs avaient défendu Lafayette, le 21 juin, et s’étaient présentés en sa compagnie aux Jacobins ; si leurs idées n’étaient pas absolument identiques, ils se mirent du moins d’accord pour conserver la royauté et pour maintenir Louis XVI sur le trône : il se peut donc fort bien que Lafayette ait consenti à rendre à Barnave un tel service ; il savait bien que Barnave avait dirigé les réponses du roi aux commissaires de l’Assemblée, le 26 juin, et la Fes. toute indiscrétion ne pouvait pas lui échapper. Bradby juge, d’autre part, que Barnave ne s’exprime pas d’une manière assez courtoise dans sa correspondance avec la reine de France. Cet argument ne tient pas : il ne s’agit pas de lettres en bonne et due forme, mais de notes qui résument les vues d’un groupe d’hommes. Il suffit de comparer le seul billet, adressé personnellement par Jarjayes à la reine, aux notes qu’il lui transmet de la part de Barnave, pour apercevoir la différence. L’objection est encore moins soutenable quand on se rappelle qu’il se trouve fort peu de formules d’étiquette dans les lettres de Fersen ou d’autres de ses contemporains. La reine elle-même en faisait d’ailleurs assez bon marché. Elle écrivait notamment à Fersen de « mettre seulement : vous » et que

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