Page:Soderhjelm - Marie-Antoinette et Barnave.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour rappeler les bonnes relations, nouées dans ces tristes circonstances. Il nous semble même qu’il y a dans la correspondance deux sortes de lettres, les unes plus personnelles, les autres plus sèches, ayant plus strictement trait aux « affaires ». Bref, si Barnave est censé parler au nom d’un groupe, on n’en a pas moins l’impression très nette que ces notes à la reine sont bien de lui ; il n’y a pas de doute qu’il fût seul à lire les lettres de Marie-Antoinette ; s’il consultait ses amis avant d’envoyer la réponse, c’était lui qui la dictait ou qui rédigeait la minute que l’intermédiaire recopiait.

Car il y a eu un intermédiaire. Marie-Antoinette répète tant de fois qu’elle a envoyé ses lettres et qu’elle a reçu les réponses par les soins d’un agent qu’il ne peut y avoir de doute à ce sujet. Et ce n’est pas tout ; elle pose en principe, dès le début, que cet agent écrit lui-même les réponses, en sorte qu’il ne peut y avoir aucun danger d’écriture « reconnue » pour son correspondant. Ce n’est pas là une découverte : c’est écrit en toutes lettres dans la première note de la reine. Il faut pourtant bien le rappeler puisque Mr Welverti[1]et Mr Michon[2]s’y sont trompés et ont comparé les notes adressées à la reine aux manuscrits de Barnave, le premier pour conclure qu’elles sont bien de son écriture, le second pour affirmer qu’elles ne sont pas de lui !

Quel fut cet intermédiaire ? Sur ce point précis, M. de Heidenstam ne nous induit point en erreur, mais il nous donne un faux chiffre pour l’agent, I : o au lieu de 10 :. L’original porte 10 :. Mais ce n’est pas une erreur de copiste, c’est tout simplement une négligence. M. de Heidenstam ne savait pas lire le chiffre. Il commet en ce sens une bévue assez grosse quoique fort amusante. Page 65 de son livre, à propos d’un passage d’une lettre des triumvirs où il est fait allusion « à l’extravagante conduite des 290 », Heidenstam a cru bon de donner une note explicative. « 290 » était pour lui un chiffre et, dans une note, il explique que ce chiffre visait « le comte

  1. Le secret de Barnave, p. 63.
  2. Voir ci-dessus, p. 5.