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lution. Dans les Salons, les philosophes, les savants les plus célèbres se rencontraient et faisaient assaut d’élégance et d’esprit dans les attaques qu’ils menaient contre l’Église et les pouvoirs établis. Partout, une soif d’apprendre : on fréquente les cours publics de science qui s’ouvrent un peu partout ; les journaux se multiplient et le premier quotidien apparaît en 1777. Malgré les interdictions, la répression, les livres interdits circulent, certains en copies manuscrite par centaines. En dehors de Paris, la vie intellectuelle est particulièrement brillante en province, où les académies, qui y jouent un rôle décisif, discutent de l’économie, de l’éducation, de tous les sujets. Les idées philosophiques pénètrent partout, dans tous les milieux, avant tout ceux de la bourgeoisie.

L’esprit positif de cette bourgeoisie, désireux de résultats pratiques, ne voulant pas séparer les sciences des arts qui les appliquent, confiant en elles, en leur méthode et en leur efficacité, la passion d’être utile aux hommes, voilà ce qui caractérise ce grand mouvement. Il ne s’agit plus de chercher la connaissance pour elle-même, mais de dénoncer les préjugés hostiles au bonheur des hommes. C’est dans les Lumières qu’on met l’espérance pour transformer la condition humaine.

« À la veille de la convocation des États Généraux par Louis XVI, les conditions objectives, économiques et sociales de la Révolution étaient parvenues à la maturité. Mais déjà, les transformations nécessaires devenues inévitables s’étaient reflétées dans l’œuvre prérévolutionnaire des penseurs français du XVIIIe siècle.

Les Encyclopédistes, groupés autour de Diderot, approfondissaient le côté matérialiste de la pensée cartésienne et élevaient un monument durable. Ils jetèrent les fondements de notre propre doctrine.

« La base philosophique du marxisme, ainsi que l’ont proclamé maintes fois Marx et Engels, est le matérialisme dialectique, qui a pleinement fait siennes les traditions historiques du matérialisme français du XVIIIe siècle », nous a rappelé Lénine.

Les écrivains français du XVIIIe siècle exercèrent une influence considérable, non seulement en France, mais à travers le monde, et le rayonnement de la pensée française de cette époque est encore tel de nos jours qu’il trouble et irrite les dictateurs fascistes.

J.-J. Rousseau jouit dans les divers pays allemands, d’une autorité indiscutable. Le Discours sur l’inégalité, le Contrat social ont inspiré des œuvres comme les Brigands et Intrigue et Amour de Schiller.

De nombreux étrangers, du temps de Voltaire, résident à Paris et se mêlent intimement à la vie de la société intellectuelle française, de cette « République des lettres » dont on parlait hors de nos frontières avec admiration. Beaucoup de ces étrangers rédigent à l’usage de leurs compatriotes des « correspondances » qui circulent d’abord manuscrites et font connaître à l’Europe et aussi au Nouveau Monde la pensée française.

Des souverains étrangers protègent les écrivains français. Vol-