Page:Solution du problème social.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il y a un mois à peine, on criait sur tous les tons, à propos du cens à 200 fr. : Quoi ! c’est un franc ! un centime qui fait l’électeur !…

N’est-ce pas toujours la même chose ? Quoi ! c’est une voix qui fait le représentant, une voix qui fera la loi !… Sur une question d’où dépendent l’honneur et le salut de la République, les citoyens sont divisés en deux fractions égales. Des deux côtés on apporte les raisons les plus sérieuses, les autorités les plus graves, les faits les plus positifs. La nation est dans le doute, l’assemblée en suspens. Un représentant, sans motif appréciable, passe de droite à gauche, et fait incliner la balance : c’est lui qui fait la loi.

Et cette loi, expression de quelque volonté fantasque, sera réputée expression de la volonté du Peuple ! Il faudra que je m’y soumette, que je la défende, que je meure pour elle ! Je perds, par un caprice parlementaire, le plus précieux de mes droits, je perds la liberté ! Et le plus saint de mes devoirs, le devoir de résister à la tyrannie par la force, tombe devant la boule souveraine d’un imbécile !

La démocratie n’est autre chose que la tyrannie des majorités, tyrannie la plus exécrable de toutes ; car elle ne s’appuie ni sur l’autorité d’une religion, ni sur une noblesse de race, ni sur les prérogatives du talent et de la fortune : elle a pour base le nombre, et pour masque le nom du Peuple. M. de Genoude refusait, sous le règne de Louis-Philippe, le paiement de l’impôt, attendu, disait-il, que l’impôt n’était pas voté par une véritable représentation