Page:Somme contre les Gentils.djvu/56

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Il est également facile de détruire la cinquième raison. Car Dieu est réellement l’être par lequel on connaît tout ; non dans ce sens que l’on n’acquiert la connaissance de tout le reste qu’après l’avoir connu lui-même, comme cela a lieu pour les principes évidents par eux-mêmes, mais parce que toute connaissance vient de son influence en nous[1].




CHAPITRE XII.


Opinion de ceux qui prétendent que l’existence de Dieu n’est connue que par la foi et ne peut être démontrée.

Il en est qui professent une opinion contraire à celle qui précède, et d’après laquelle les efforts qui auraient pour but de prouver l’existence de Dieu resteraient inutiles. Ils affirment qu’on ne peut pas la découvrir, par la raison qu’il existe un Dieu, mais que cette vérité nous est transmise par la seule voie de la foi et de la révélation ; et plusieurs ont été amenés à ce sentiment par la faiblesse des raisons que certains auteurs mettaient en avant pour prouver l’existence de Dieu.

1° Cette erreur pourrait cependant se croire faussement autorisée par la doctrine des philosophes qui démontrent qu’en Dieu la raison ne met pas de différence entre l’essence et l’être, ou bien qu’il faut faire la même réponse aux deux questions:Quel est-il, et existe-t-il ?


    dans ce sens qu’il desire cette béatitude qui consiste dans la vision de l’essence divine ; car, absolument parlant, elle n’est ni connue, ni desirée naturellement; mais en ce sens qu’il désire le bonheur en général, puisque chacun veut être heureux. Or, en quelque objet que l’on place le bonheur, il est toujours une image de la bonté divine (François de Sylv., Comment.).

  1. En effet, Dieu étant seul l’être necessaire, il renferme en lui les essences, et par conséquent la notion de tous les êtres. Nous ne pourrons donc les connaitre nous-mêmes qu’autant qu’il voudra nous communiquer sa science, n’importe par quelle voie.