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Page:Sonnerat - Voyage aux Indes orientales et à la Chine, tome 2.djvu/117

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88 VOYAGE AUX INDES


De l’I∫le de Bourbon.

L’isle de Bourbon eſt préférable à l’île de France, ſoit par ſon étendue, ſoit par ſes productions : ſes premiers habitans vivoient dans une ſimplicité qui tenoit de l’état de nature, placés sous un ciel ſerein où l’on n’avoit, jamais connu les maladies, ils ſ’occupoient à la culture du café, du blé & de l’indigo ; le débit de ces denrées & l’accroiſſement de leurs troupeaux ſuffiſoient à leur ambition. La préfence des Européens n’avoit pas encore étendu la ſphére de leurs jouiſſances, ni les limites de leurs deſirs ; mais bientôt ils pénétrèrent dans cette contrée avec quantité d’eſclaves : il fallut défricher les montagnes pour ſatiſfaire leur cupidité , les éruptions réitérées du volcan, embraſèrent une partie de l’île : l’air ne fut plus le même, les maladies ſ’y naturaliſèrent & firent des progrès rapides, on envoya les enfans à Paris pour y faire leurs études, ils rapportèrent dans leur patrie les vices de la capitale ; la ſomme des beſoins ſ’étendit en raiſon de la diminution des richeſſes; l’agriculture fut abandonnée à des eſclaves ,& regardée comme un ſoin vil & mépriſable dont le propriétaire auroit rougi de ſe décharger, de manière qu’aujourd’hui cette île à peu de choſe près, eſt au niveau de l’île de France.

Bientôt les productions du ſol ne ſuffiront plus à la ſubſiſtance des habitans, & dans les émigrations prochaînes & inévitables, les Séchelles ne peuvent manquer de devenir une reſſource; ces îles méritent en effet l’attention du Gouvernement, leur poſition avantageuſe pour les vaiſſeaux qui vont dans l’Inde, la bonté de leur terroir, leurs différens ports,