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110                                  VOYAGE AUX INDES


& de la partie des habitans qui vivent dans l’état de barbarie. Leur lit est pour l’ordinaire une simple natte étendue sur le plancher.

Leur nourriture est le riz cuit à l’eau, qu’ils mangent avec du poisson salé, ou en mettant dans le bouillon où il a cuit un piment pour lui ôter sa grande fadeur.

On trouve plusieurs lacs dans l’île de Luçon ; le plus considérable est celui que les Espagnols appellent Laguna de Bay. La rivière de Manille sort de ce lac,ainsi on peut avoir une communication par bateau, avec tout ce qui l’environne ; il a environ trente lieues de tour, & jufqu’à cent vingt brasses de profondeur. Au milieu de ce lac est une île qui sert de refuge à des familles d’Indiens, ils y vivent de la pêche, & y conservent leur liberté, en ne souffrant pas qu’on aborde vers la terre qui leur sert d’asyle. Ce lac est bordé à l’ouest par de hautes montagnes ; les terrains bas en sont fertiles, un peuple doux les habite, il s’occupe à faire des nattes, des toiles & différens ouvrages avec l’abaca ; peut-être les premiers Religieux qu’on a envoyés dans leurs habitations, pour en faire des Chrétiens, les ont-ils ramenés par la douceur.

Les Espagnols en leur donnant une Religion n’ont point changé leurs loix ; en effet, ils ont conservé leurs usages anciens, & sont gouvernés par un Indien de leur village, mais cependant nommé par les Espagnols, dont ils reconnoissent l’autorité.

Ce peuple, quoique doux, sévit contre les crimes ; le plus grand à ses yeux est l’adultère, c’est le seul qu’il punisse de mort.

Dans l’Est de ce lac, s’étendent des plaines immenses ; des