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               ET A LA CHINE. Liv. IV.                              111


rivières larges & profondes les traversent , & répandent au loin une fécondité naturelle : ce pays pourroit être la patrie d’une nation nombreuse, & d’un peuple qui vivroit heureux en le cultivant. Cependant on n’y voit que quelques villages, btis de loin en loin 3 triftes demeures qu’habitent des hommes sans vertus, fans quit, qui, tous pervers, fe craignent rci- proquement, & au dfaut des loix, dont ils ne connoiffent pas la protection, ne placent leur furet que dans la force & Fufage des armes’: ils ne les quittent-jamais, ils les tiennent prtes en s’abordant les uns les autres, & le commerce qu’ils ont entre eux reffemble moins vn ae de focit qu’ un tat de guerre continuelle. Les droits même du sang n’y rassurent pas les esprits, les parens, les frêres, la femme & le mari y vivent dans une méfiance, & par conséquent dans une haine réciproque. Des mœurs si éloignées du caractère doux de leurs voisins pourroient avoir pour principe la manière dont on les a fournis, & l’idée des supplices qu’on a fait souffrir leurs pères, pour les forcer d’adorer la croix.

Il y a plusieurs volcans dans l’île de Luçon, ce qui peut bien être la cause des tremblemens de terre fréquens auxquels cette île est sujette; il n’y a pas d’année où on n’en ressente deux, trois ou quatre.

Les Espagnols à Manille bâtissent leurs maisons en conséquence, le premier étage est en bois, & toute la charpente est soutenue par des piliers de bois. Ils ont aussi pour ces cas-là une petite cabane de bambou dans leur cour ou leur jardin. Toute la famille y couche, lorsque le tems semble annoncer un tremblement de terre.

Il paroît, comme le dit fort bien M. le Gentil, que les trem