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Page:Sonnerat - Voyage aux Indes orientales et à la Chine, tome 2.djvu/37

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VOYAGE AUX INDES

elles n’ont jamais qu’un étage : les femmes occupent un logement particulier, & chaque maiſon remplit une eſpace conſidérable, de manière qu’une ville de la Chine auſſi vaſte que Paris, ne contient gueres au-delà de cent mille ames. J’ai vérifié moi-même avec pluſieurs Chinois la population de Canton, de la ville de Tartare, & de celle de Bateaux, que le Père le Comte a porté à quinze cent mille habitans, & le Père du Halde à un million ; mais quoiqu’en tems de foire, je n’en ai pu trouver que ſoixante & quinze mille; cela n’empêche pas qu’après Surate, Canton ne ſoit une des villes les plus conſidérables & les plus commerçantes de l’Aſie. Les gens du pays m’ont aſſuré que toutes les autres villes de la Chine étoient bâties ſur ce modèle ; & dans ce cas, pour contenir autant d’habitans que Paris, il faudroit qu’elles euſſent au moins cinquante lieues de tour, ce qui ne s’accorde gueres avec le rapport des Miſſionnaires, quand ils nous aſſurent que Pékin, qui n’a que ſix lieues de tour, renferme pluſieurs millions d’habitans.

Les meilleurs terrains ſont employés à des ſépultures, & l’on n’ignore pas aujourd’hui que l’intérieur de la Chine n’étoit ni peuplé ni cultivé, que les Chinois s’étoient jettés ſur les bords des rivières & dans les lieux les plus favorables au commerce, & que le reſte du pays, couvert de forêts immenſes, n’étoit habité que par des bêtes féroces, ou par quelques hommes indépendans qui ſe ſont creuſés des antres ſous terre, où ils ne vivent que de racines. Quelques-uns ſe raſſemblent pour piller les bords des villages, ce qui prouve que la population de la Chine n’eſt pas à beaucoup près auſſi grande qu’on a voulu nous le faire accroire.

Les loges Européennes qu’on appelle hams, ſont construites