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Page:Sonnerat - Voyage aux Indes orientales et à la Chine, tome 2.djvu/38

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ET A LA CHINE. Liv. IV.

sur un quai magnifique, dont les Européens firent les frais ; elles sont très-belles : on regarde comme les plus beaux édifices celles des François & des Anglois. En payant une somme considérable, il leur fut permis de bâtir la façade à leur manière, pourvu que l’intérieur fût à la Chinoise, comme il l’est effectivement ; chaque Nation a son pavillon devant sa loge, non pas comme une marque de considération, mais comme une enseigne qui la distingue

C’est une erreur de croire que les vaisseaux Européens allassent autrefois sous les murs de Canton, & que ce soit nos mœurs, & notre manière libre envers les femmes qui nous aient fait reléguer à Wampou : la construction de nos bâtimens s’est toujours opposée à ce qu’ils remontassent plus haut ; les fommes Chinoises mêmes, quand elles sont un peu trop grandes, quoique plates par-dessous, ne peuvent y remonter. C’est un bonheur pour les Chinois que nos vaisseaux mouillent si loin de cette ville, parce que les dépenses d’un voyage retiennent bien des personnes à Wampou, qui tous les jours descendroient à Canton. La grande quantité d’Européens les effrayeroit ; à la moindre dispute, les jeunes marins qui comptent pour rien l’intérêt de leurs armateurs, se prévaudoient du nombre pour soutenir l’honneur de la Nation, & depuis long-tems le commerce de Chine n’existeroit plus. Si on l’abandonnoit, que de misère dans les provinces méridionales ! que deviendroient les manufactures de Pékin, de Nanquin & de Gaze ? que deviendroient ces chams immenses de thé ? il est bien différent de travailler pour sa Province ou pour des Étrangers qui viennent enlever le superflu de la consommation. Si