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Page:Sonnerat - Voyage aux Indes orientales et à la Chine, tome 2.djvu/93

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VOYAGE AUX INDES

monie qu’ils font, lorsqu’ils entreprennent quelque voyage le long de la côte ; c’est une espéce de bénédiction qu’ils donnent à leur bateau : le pilote prend de l’eau de mer dans un morceau de feuille de Ravénala, puis il adresse des prières à l’élément qui va le porter ; il le conjure de ne point faire de mal à son navire, de le garantir au contraire de tous les écueils, & de le ramener promptement au port chargé de beaucoup d’esclaves : ensuite il se met dans l’eau, fait le tour de sa pirogue & l’asperge tout au tour ; après cette opération, il revient sur le bord & fait un trou dans la terre, pour y déposer le morceau de feuille de Ravénala. Les autres Noirs qui doivent faire le voyage dans le même bateau, s’asseyent tous autour, adressent des prières à la mer, mettent leur bateau à flot & s’embarquent.

On trouve à Madagascar des espéces de convulsionnaires qui passent pour sorciers ; ils entrent en fureur, & paroissent mourir dans le même instant : après plusieurs heures passées dans cet état, ils semblent sortir d’un long somme, & débitent toutes les rêveries qui leur viennent à l’idée.

Les Madégasses ont des femmes autant qu’ils en veulent ; ils les répudient quand il leur plaît, & se tiennent fort honorés, lorsqu’un Européen en jouit : elles font le travail du ménage, mais l’occupation ne les empêche pas d’être coquettes au point de passer des journées entières à se parer pour plaire à leurs amans.

Ce n’est pas par les démonstrations d’une gaieté bruyante, ni par des embrassades [ils en ignorent l’usage] que les Madègasses expriment le plaisir de revoir des parens ou des amis dont une longue absence les avoit séparés. Ils se contentent