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Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/192

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LE CHŒUR.

Rassure-toi, je suis là. Bien que je sois vieux, la vigueur de cette terre n’a pas vieilli avec moi.

KRÉÔN.

Hommes de bonne race, habitants de cette terre, je vois dans vos yeux que vous concevez quelque crainte de mon arrivée soudaine ; mais ne redoutez point et épargnez-moi des paroles mauvaises. Je ne viens pas, en effet, afin d’agir par violence, étant vieux et sachant que la Ville où je viens est la plus puissante en Hellas. Bien que très-âgé, je suis parti pour persuader cet homme de me suivre dans la terre des Kadméiens ; et je suis envoyé, non par un seul, mais par tous les citoyens, parce qu’il me convenait, à cause de ma parenté, de plaindre ses misères plus grandement que tout autre. Donc, ô malheureux Oidipous, entends-moi et retourne dans ta demeure. Le peuple entier des Kadméiens t’appelle, comme il est juste, et moi, plus hautement que tous, qui gémis d’autant plus sur tes maux, ô Vieillard, — à moins que je sois le pire des hommes, — que je te vois misérable, étranger partout et toujours errant, sans nourriture et sous la garde d’une seule compagne. Je n’aurais jamais pensé, malheureux que je suis ! qu’elle en viendrait à cette honte où elle est arrivée maintenant, ayant toujours le souci de ta tête et mendiant ta nourriture, si jeune, ignorant les noces, exposée à être enlevée par qui voudra ! Ô malheureux que je suis ! n’est-ce point là une flétrissure honteuse sur toi et sur moi et sur toute notre race ? Certes, il n’est point permis de cacher les choses manifestes ; mais, Oidipous, je t’adjure par les Dieux