Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/379

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cet homme est là, la tête trempée de sueur et les mains ensanglantées. Tu n’as pas besoin d’épier davantage à travers cette porte. Dis-moi la raison des peines que tu t’es données, afin que je t’apprenne ce que je sais de celui-ci.

ODYSSEUS.

Ô voix d’Athèna, de celle de toutes les Déesses qui m’est la plus chère ! Bien que tu restes invisible, ta parole entre dans mes oreilles et résonne dans mon esprit, telle que le son éclatant de la trompette d’airain des Tyrrhéniens ! Et, maintenant, tu as bien compris que je rôdais autour de cet ennemi, Aias, le porteur de bouclier ; car c’est lui-même, et non un autre, que j’épie depuis longtemps. Cette nuit, il a commis contre nous une action mauvaise que nous n’avons pas vue ; s’il l’a commise cependant, car nous ne savons rien de sûr, et nous errons incertains. C’est pourquoi je me suis donné la tâche d’aller à la découverte. Nous avons trouvé tout le bétail du butin mort et égorgé par une main inconnue avec les gardiens du troupeau. Tous accusent Aias de cette action ; et un des gardes m’a rapporté et m’a affirmé qu’il l’avait vu marchant seul à grands pas à travers la plaine, tenant une épée récemment teinte de sang. J’ai aussitôt suivi ses traces et voici que j’en trouve quelques-unes non douteuses et d’autres dont je suis troublé ; et je ne sais qui me donnera une certitude. Ainsi tu viens à temps, car, pour les choses passées et pour les choses futures, je suis conduit par toi.

ATHÈNA.

Je savais cela, Odysseus, et je me suis mise en chemin depuis longtemps pour te protéger et favoriser ta chasse.