Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/415

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Ce papyrus, revisé comme le texte de nos éditions critiques, n’est pas exempt de fautes graves. J’en ai relevé un certain nombre. Elles sont analogues aux fautes de tous les papyrus. Elles prouvent un fait important : si les gens de l’antiquité, contemporains de Lucien et de Plutarque, lisaient encore de Sophocle une foule de pièces que nous n’avons plus, le texte de ces pièces, comme celui de celles que nous lisons encore, n’était pas sensiblement meilleur que celui de nos manuscrits, postérieurs de huit à dix siècles à ces papyrus.

Dans celui des Limiers des signes stichométriques sont placés dans la marge de gauche, avec une exactitude plus ou moins rigoureuse, toutes les 100 lignes. Actuellement ils tombent aux vers 94, 197, 292, 392. L’irrégularité de la première centaine est surprenante. Elle provient peut-être du fait que le titre et la liste des personnages, qui sont perdus l’un et l’autre, étaient compris dans le compte des lignes.

Sur la date des Limiers on ne peut formuler que des présomptions, mais on s’accorde pourtant à les regarder comme une œuvre ancienne. C. Robert cite même le chiffre de 460[1]. Il est certain que, même en tenant compte de la différence des genres, la manière du poète, moins fondue ici que partout ailleurs, a encore quelque chose d’un peu âpre[2]. Si d’après un texte bien connu[3], l’ensemble de son

  1. Die Spürhunde, ein Satyrspiet von Sophokles, frei ûbersetzt und ergänzt, 2te Aufl., Berlin, 1913, p. 87. Cf. du même, Hermes, 1912, p. 560 sq.
  2. Voir, en particulier, les vers 321 sqq. où après avoir vivement dépeint l’effet produit sur lui par les sons de la lyre, le chœur déclare, sans transition, que celui qui a inventé des sons pareils est aussi le voleur des génisses d’Apollon. Le style en ce passage bien conservé est aussi gauche que la conclusion est inattendue. Il est vrai que cette conclusion était peut-être formulée avec des hésitations, ce qui en expliquerait la maladresse d’expression intentionnelle. Je reconnais d’ailleurs que l’explication est très risquée, car le mètre employé, l’iambique, est ici très net.
  3. Plutarque, De vrofectibus in virtute, c. 7. Je lis avec Bergk,