Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/101

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Bacchus t’a-t-il reçu des filles d’Hélicon[1],
Avec elles jouant dans de fraîches vallées ?

ŒDIPE, (apercevant de loin Phorbas).

Je crois n’avoir jamais rencontré ce vieillard ;
Serait-il ce berger que j’attends, par hasard ?
Sa démarche, son port, son air et son visage,
Tout me le fait penser, tout jusques à son âge.
Il me semble amené par des gens du palais ;
Ceux qui l’ont déjà vu retrouvent-ils ses traits ?

LE CHŒUR.
Oui, seigneur, oui c’était un serviteur fidèle

De Laïus ; il gardait ses troupeaux avec zèle.

ŒDIPE.
Étranger, sans détour réponds : Ce vieillard, dis,

Te semble-t-il celui dont tu parlas jadis ?

LE BERGER.
C’est lui.

Scène V.

PHORBAS, LES MÊMES.
ŒDIPE.

Regarde-moi, vieillard et sois sincère[2] ;

Étais-tu de Laïus au service ordinaire ?</poem>

  1. Hélicon, mont de la Phocide, d’où coule l’Hippocrène. C'est aujourd'hui le Zagara-Vouni.
  2. Et toi, vieillard, regarde-moi. De même Plaute : Huc me specta et responde mihi ; de même Molière, École des femmes, II, 3.
    Là, regardez-moi là, durant cet entretien.

    Le texte dit : Regardez là : ce mot n’est pas inutile, il montre la confusion de ce malheureux vieillard amené devant Œdipe et qui n’ose lever les yeux sur lui. Les poètes anciens, qui composaient pour le théâtre, avaient souvent l’art d’indiquer le geste ou le maintien que les acteurs devaient avoir.