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Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/122

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Au palais à l’instant il convient qu’on l’emmène,
C’est à ses parents seuls à soulager sa peine !

ŒDIPE.
Puisque dans ton palais je puis être accueilli,

Que tu souffres des maux dont je suis assailli,
Accorde-moi, seigneur, une faveur dernière.

CRÉON.
Que veux-tu ?


ŒDIPE.
Jette-moi dans un coin de la terre

Où je puisse à jamais vivre loin des humains.

CRÉON.
Prince, je l’aurais fait : les oracles divins[1]

Ont parlé, je ne puis. Le respect, la tendresse,
Et ton malheureux sort surtout qui m’intéresse,
Tout m’engage à les faire encore s’expliquer.

ŒDIPE.
Et quel autre que moi peuvent-ils indiquer ?

Oui tout est éclairci : je suis ce parricide,
Ce sacrilège impie et ce monstre perfide...

CRÉON.
Ce que tu dis est vrai, mais ton sort odieux

Comme le nôtre aussi demande que des Dieux
La volonté pour nous soit manifeste et claire.

ŒDIPE.
Est-ce sur un mortel en proie à leur colère

Qu’il faut l’interroger ?

  1. Je l’aurais déjà fait, c’est-à-dire, je vous aurais chassé déjà si, etc. Le respect infini des anciens pour les oracles justifie cette parole que Brumoy a cru devoir adoucir. Ce préjugé sacré exigeait que Créon obéit ; mais, dit le Scoliasle, la compassion pour Œdipe et la crainte de passer pour un ambitieux qui voulait profiter du malheur du roi, demandaient qu’il consultât les Dieux derechef.